2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 33

Le jeudi 6 février 2014
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La Journée internationale de tolérance zéro face aux mutilations sexuelles féminines

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, nous célébrons aujourd’hui, le 6 février, la Journée internationale de tolérance zéro face aux mutilations sexuelles féminines, journée créée par les Nations Unies.

La mutilation des organes génitaux féminins est une pratique qui, au cours de l’histoire, a été infligée à environ 125 millions de femmes et de fillettes. Il s’agit d’une procédure qui consiste à retirer, en tout ou en partie, les organes génitaux féminins externes.

En tant que Canadiens, nous reconnaissons que les mutilations sexuelles féminines constituent une forme de mauvais traitement à l’égard des enfants. Le Canada doit prendre des mesures pour dénoncer cette pratique. Malheureusement, malgré nos efforts, plus de 30 millions de fillettes continuent d’être exposées à ce risque, puisque les mutilations génitales féminines sont pratiquées encore aujourd’hui.

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À l’époque où je présidais la Commission libérale féminine nationale, de nombreuses femmes et moi avons fait pression sur le gouvernement du premier ministre Chrétien afin qu’il interdise formellement cette pratique au Canada. En 1997, le Parlement adoptait le projet de loi C-27, qui faisait de la mutilation des organes génitaux féminins un acte criminel. Ceux qui s’y adonnent encore, ici au Canada, commettent donc une infraction criminelle, ce qui veut dire qu’ils peuvent faire l’objet de poursuites aux termes du Code criminel du Canada.

Je suis profondément peinée de vous annoncer qu’aucune accusation n’a été portée depuis l’adoption de la loi, même si on sait que cette pratique a toujours cours au Canada.

Honorables sénateurs, plusieurs pays ont pris les moyens pour protéger leurs jeunes femmes et leurs petites filles et empêcher qu’elles ne deviennent les victimes d’une pratique aussi terrible. La Nouvelle-Zélande, par exemple, a fait activement campagne pour l’éradiquer de son territoire. De son côté, le Royaume-Uni appuie une initiative africaine visant à mettre sur pied un mouvement mondial de lutte contre la mutilation des organes génitaux féminins et a investi 35 millions de dollars afin d’inciter les gens à abandonner cette pratique malheureusement inscrite dans leur culture. Les responsables ont affirmé qu’ils n’auront de cesse que leur initiative fasse partie de l’histoire ancienne, comme le bandage des pieds.

Les États-Unis se sont attaqués à la question dès 1990, et l’ont d’ailleurs intégrée à leur programme d’aide au développement. Depuis que Barack Obama est au pouvoir, le gouvernement américain multiplie les efforts afin d’éradiquer la mutilation des organes génitaux féminins de la planète en s’appuyant sur une approche multisectorielle intégrée visant à convaincre les organismes de défense des droits de la personne, les décideurs et la population qu’il faut exclure la mutilation des organes génitaux féminins de la culture et faire en sorte qu’elle cesse partout dans le monde.

Honorables sénateurs, j’aimerais vous raconter une anecdote qui m’est arrivée personnellement. J’étais dans un petit hôpital en Afrique de l’Est lorsque j’ai vu un père entrer avec, dans ses bras, sa petite fille, dont on venait de mutiler les organes génitaux. Les vêtements de l’homme étaient maculés de sang, tout comme ceux de la fillette. Sa femme et lui pleuraient à chaudes larmes, mais l’enfant n’émettait pas un son.

On a mené rapidement la petite fille en salle d’opération, et les médecins ont tout fait pour essayer de lui sauver la vie. Hélas, elle est morte au bout de son sang.

Chaque jour, un peu partout dans le monde, beaucoup de jeunes filles sont victimes, de cette pratique horrible, et bon nombre d’entre elles ne survivent pas. Cette pratique a encore cours dans notre pays.

Honorables sénateurs, je vous demande de réitérer l’engagement que vous avez pris de mettre un terme à la mutilation des organes génitaux féminins à Ottawa, au Canada et partout dans le monde.

[Français]