2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 130

Le mardi 31 mars 2015
L’honorable Leo Housakos, Président intérimaire

La Journée internationale de la visibilité des transgenres

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le 31 mars, nous soulignons la Journée internationale de la visibilité des transgenres. Cet événement a été lancé en 2009 par Rachel Crandall, une activiste transgenre.

La Journée internationale de la visibilité des transgenres est l’occasion de démontrer notre appui à la communauté transgenre. Elle vise à attirer l’attention sur les réalisations des personnes transgenres partout dans le monde et à lutter contre le sexisme et la transphobie en aidant le public à mieux connaître la communauté transgenre.

Pourquoi cette journée est-elle importante pour la communauté transgenre et pour nous? Une visibilité accrue signifie une meilleure compréhension de la réalité transgenre. Permettez-moi de vous faire part de quelques statistiques produites par l’organisation Trans Student Educational Resources : 80 p. 100 des étudiants transgenres se sont sentis en danger à l’école en raison de leur expression sexuelle, 40 p. 100 des transgenres ont essayé de se suicider, et 58,7 p. 100 des étudiants non conformistes sexuels ont été victimes de harcèlement verbal en raison de leur expression sexuelle, par comparaison avec à 29 p. 100 de leurs pairs.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de l’histoire de certains transgenres qui vivent avec cette réalité. Je cite Naomi, qui dit ce qui suit :

La décision de changer de sexe ne se prend pas à la légère. Les gens qui veulent être « vraiment eux-mêmes » et qui changent de sexe y ont beaucoup réfléchi; ce sont les femmes et les hommes les plus courageux que je connaisse.

J’ai soutenu le moral de mon enfant pendant le processus de transition. Je l’aime de tout mon cœur et je sais bien que le taux de suicide chez les transgenres est de 54 p. 100. Mais je préfère que mon fils soit transgenre plutôt que mort!

Même s’il n’a pas la même apparence qu’auparavant, c’est toujours la même personne gentille, attentionnée, aimante, réfléchie et intelligente. Seul son aspect est différent.

Il a fait des études universitaires, il travaille et il paie ses impôts. Il devrait jouir des mêmes droits que les autres Canadiens. Il se dit déjà assez d’énormités dans le monde à propos des transgenres. Je trouve donc révoltant qu’ils ne soient pas protégés par la loi canadienne.

Les droits de la personne, qui s’appliquent à tout le monde, devraient aussi s’appliquer à tous les genres. Sinon, notre hymne national est vide de sens. Comment pouvons-nous protéger nos foyers et nos droits si notre pays ne le fait pas?

Signé : une mère fière de son fils de presque 30 ans.

Honorables sénateurs, j’aimerais vous parler de Julie. Cette lettre nous fait comprendre les sentiments de son fils.

Il est toujours en processus de transition pour devenir un homme et je crains chaque jour pour sa sécurité, que ce soit à cause de menaces extérieures, comme les personnes hostiles qui refusent de le considérer comme une personne, ou intérieures, comme la volonté d’autodestruction qui peut sévir quand on ne cadre pas avec les rôles sexuels traditionnels.

Ne suis-je pas en droit de m’attendre, comme les autres citoyens, à ce que le gouvernement protège les membres de ma famille et qu’il défende leur dignité, leur valeur et leur appartenance à la société canadienne?

Je ne veux pas que mon fils craigne d’être attaqué à cause de qui il est. Je veux pouvoir être fière de l’engagement du Canada à l’égard des droits de la personne, et fière d’être Canadienne.

En cette journée, honorables sénateurs, je voulais vous faire part de ces témoignages personnels afin de montrer les difficultés auxquelles se heurtent quotidiennement les transgenres. Merci.