2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 143

Le mardi 26 mai 2015
L’honorable Leo Housakos, Président

Le Myanmar

Les Rohingyas musulmans

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet de la situation désastreuse des Rohingyas de Birmanie. J’aimerais vous raconter l’histoire bouleversante de Mohammad Aesop, 10 ans, et de sa sœur Untas, 8 ans, deux Rohingyas musulmans qui ont perdu leur mère lors d’une attaque à la machette dans leur pays natal, la Birmanie.

Leur père, qui occupe un petit emploi en Malaisie, a payé un agent pour les faire venir en Malaisie par bateau en passant par la baie du Bengale. Pendant près de trois mois, les enfants ont été forcés de rester assis dans un navire surpeuplé, où l’on avait entassé des milliers de Rohingyas comme les pièces d’un casse-tête pour maximiser l’espace. Les enfants qui tentaient de s’étirer les jambes ou de changer de position étaient battus. Untas, qui était tombée malade en raison du manque de nourriture et d’eau et des conditions horribles sur le bateau, a dit qu’elle grelottait tout en se sentant brûlante. Mohammad a essayé de ne pas montrer son désarroi pour protéger sa sœur, mais il se sentait impuissant.

Après avoir été abandonnés par le capitaine du navire en raison de la répression par la Thaïlande des réseaux de traite des personnes, le frère et la sœur ont été abandonnés en pleine mer, effrayés et sans mère ni père sur qui s’appuyer.

C’est le sort que connaissent des milliers de Rohingyas musulmans qui sont actuellement coincés dans la baie du Bengale, dans les eaux de l’Asie du Sud-Est, dans ce que les Nations Unies ont décrit comme des « cercueils flottants ». Des garde-côte et des marins ont été déployés pour repousser les navires qui s’approchent du littoral de la Thaïlande, de la Malaisie et de l’Indonésie ou leur fournir un peu de nourriture et d’eau et les inciter à trouver une autre destination.

À la suite des condamnations internationales, la Malaisie et l’Indonésie offrent des refuges temporaires aux Rohingyas au bord de la mer, mais ces deux pays ne se sont pas engagés à leur accorder une résidence permanente ou à accueillir d’autres migrants. Le frère et la sœur, qui habitent temporairement sur les rives de l’Indonésie, se demandent s’ils seront un jour réunis avec leur père ou s’ils seront obligés de se débrouiller seuls pour le reste de leur vie.

Les Rohingyas n’ont pas de patrie. Même si les Rohingyas font remonter leurs origines à la Birmanie, les Birmans les considèrent comme des immigrants illégaux du Bangladesh et ils refusent de leur accorder le titre de Rohingya, préférant les désigner comme des Bangladais. Le

gouvernement birman a séparé les Rohingyas du reste de l’État en limitant leurs mouvements, en révoquant leurs certificats d’enregistrement temporaire et, au final, en les rendant apatrides. À cet égard, les Nations Unies estiment que les Rohingyas sont l’une des minorités les plus persécutées dans le monde.

Honorables sénateurs, le sort des Rohingyas est atroce. Bien qu’il existe des refuges temporaires, les Rohingyas craignent de retourner dans leur pays d’origine, où ils risquent d’être poursuivis. Les enfants sont séparés de leur famille et plusieurs d’entre eux, comme Mohammad et Untas, ont de fortes chances de devenir des orphelins.

Honorables sénateurs, je demande que nous reconnaissions les conditions désastreuses et inhumaines et l’injustice dont sont victimes les Rohingyas, et que nous nous engagions à faire plus au Canada pour aider ces minorités persécutées. Merci.