2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 159

Le jeudi 25 juin 2015
L’honorable Leo Housakos, Président

Le Burundi

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui de faire une mise à jour sur la situation actuelle au Burundi.

Depuis l’annonce du président Nkurunziza selon laquelle il allait briguer un troisième mandat, en violation de la Constitution du Burundi, et des Accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, ce pays est plongé dans une grave crise qui met en péril la survie et la sécurité de la population burundaise et de la région environnante.

Plus le conflit politique actuel durera, plus les peurs et les rancœurs s’accentueront, et plus les risques de conflits ethniques seront renforcés. Cet état de choses est malheureusement, en partie, inscrit dans la logique de la radicalisation de la part du pouvoir, qui joue cette carte.

Depuis l’annonce du président Nkurunziza, plus de 115 000 personnes ont fui le pays et plus de 77 personnes ont été tuées par la police et la milice supplétive lors de manifestations pacifiques.

Au cours des derniers jours, la police burundaise a fait usage d’une force excessive à l’encontre de personnes qui ont manifesté contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat. La police a tiré sans distinction dans la foule et a passé à tabac des manifestants et des détenus. Malheureusement, plus de 500 manifestants et opposants ont été emprisonnés et torturés, et des maisons de médias ont été incendiées et fermées.

La police ne devrait pas recourir à des tactiques aussi violentes pour réprimer les manifestations ni tirer dans les foules de manifestants, a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique au sein de l’organisme Human Rights Watch. Or, plusieurs organismes internationaux craignent que ces comportements ne conduisent le Burundi vers le chaos.

Pendant que les uns fuient le pays parce qu’ils craignent pour leur vie, et malgré le fait que le Canada ait demandé à tous ses ressortissants de quitter le Burundi, le Canada continue malheureusement d’expulser des Burundais qui ne représentent aucun danger en sol canadien. Honorables sénateurs, cette pratique est contraire aux valeurs canadiennes de protection des droits de la personne et d’assistance aux personnes en danger.

Demain, j’aurai l’occasion de participer à un groupe de discussion à Vancouver au sujet de la violation des droits de la personne et de la violence électorale au Burundi, dans le but de trouver des solutions afin de venir en aide aux Burundais.

Pour ces raisons, je demande donc au gouvernement du Canada de suspendre la déportation de Burundais qui se trouvent en sol canadien. Je vous remercie.