1re Session, 42e Législature,
Volume 150, Numéro 105
Le mardi 28 mars 2017
L’honorable George J. Furey, Président
Le sort des yézidies
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, j’aimerais attirer votre attention aujourd’hui sur le sort des yézidies et sur tout ce qu’ont pu faire une poignée de Canadiennes pour les aider.
La lutte contre l’EIIS se poursuit, et les yézidis — un petit groupe religieux du Sinjar, en Irak — continuent de faire les frais de la brutalité des combattants de l’EIIS. Environ 3 400 femmes et enfants yézidis demeurent captifs de l’EIIS, qui s’en sert comme esclaves sexuels ou les entraîne pour en faire des combattants. Pas moins de 90 p. 100 de l’ensemble de la population yézidie vit désormais dans des camps de réfugiés de par le monde.
Alors que la tempête continue de s’abattre sur la tête des yézidis, de nombreux Canadiens ont pris sur eux de leur venir en aide. En août dernier, j’ai joint ma voix à celle de Christine McDowell, qui est à la tête du groupe qui réclamait du gouvernement qu’il accorde l’asile aux yézidies.
Le 24 février à Vancouver, j’ai assisté à un cercle de discussion organisé par l’organisme Remember Our Sisters Everywhere; il a alors été question d’une foule de sujets liés au sort que connaissent les yézidies. J’ai aussi appris qu’une poignée de Canadiennes, comme Christine McDowell, Lianne Payne, Krista Marshall, Moira Simpson, Leslie Timmins, Elinor Warkentin et Mia Edbrooke, pour ne nommer qu’elles, avaient réussi à changer la vie de nombreuses yézidies.
Honorables sénateurs, ce que j’ai vu ce jour-là, ce sont les valeurs canadiennes incarnées. Les Canadiens sont des gens de cœur, alors quand ils voient qu’ailleurs sur la planète des gens souffrent, ils ne détournent pas le regard. Ils se retroussent plutôt les manches et font le nécessaire pour leur venir en aide. Je suis par ailleurs heureuse que le gouvernement ait décidé de leur emboîter le pas et d’accueillir des réfugiés yézidis : 400 femmes et des membres de leur famille sont déjà ici, et d’autres devraient suivre bientôt.
Ce programme permettra également à un plus grand nombre de familles de demeurer ensemble afin qu’elles puissent plus facilement s’adapter à la vie au Canada et se remettre des traumatismes dont elles ont été victimes.
Honorables sénateurs, permettez-moi de vous répéter ce qu’une jeune yézidie de 14 ans m’a raconté pendant un de mes déplacements. Quand je l’ai rencontrée, elle avait de nombreuses blessures, physiques et psychologiques, elle était très fragile et ses yeux étaient d’une tristesse incroyable.
Elle m’a raconté que, un jour, des hommes sont arrivés chez elle soudainement. Ils ont emmené son grand-père, son père, ses oncles et ses frères à l’extérieur, puis ils les ont tués sous les yeux des femmes et des enfants. Ensuite, ils ont enlevé les femmes et les très jeunes enfants. Les jeunes filles ont été emmenées dans un fourgon qui a roulé de plusieurs heures. La jeune fille qui m’a raconté cela a été enfermée dans une pièce sombre où, pendant des jours, elle a été agressée sexuellement à maintes reprises par de nombreux hommes. Elle a ensuite été emmenée au marché, où elle a été vendue à un homme qui la brutalisait. Un jour, elle s’est enfuie.
Elle avait bien d’autres choses à me raconter. Lorsque je l’ai rencontrée, elle avait tout perdu, y compris sa famille, et elle n’avait nulle part où aller. Elle ne pouvait pas se réfugier nulle part.
Elles ne peuvent pas lui ramener sa famille, mais Christine McDowell et d’autres femmes canadiennes essaient de lui offrir un refuge. Je remercie le gouvernement et ces femmes de soutenir les filles yézidies et de se porter à leur défense. Merci.