1re Session, 43e Législature
Volume 151, Numéro 25

Le lundi 22 juin 2020
L’honorable George J. Furey, Président

La Journée mondiale des réfugiés

L’honorable Mary Coyle : Honorables sénateurs, c’est pour moi un honneur de faire cette déclaration au nom de la sénatrice Mobina Jaffer, qui ne peut être parmi nous aujourd’hui.

Honorables sénateurs, il y a 20 ans, les Nations unies ont proclamé le 20 juin Journée mondiale des réfugiés. Ainsi, chaque année à cette date, nous rendons hommage aux réfugiés, en reconnaissant leurs souffrances et également leur contribution. Un jour par an, les médias sociaux publient d’innombrables messages de soutien et des témoignages attestant de l’aide que nous avons apportée.

Le reste de l’année, par contre, c’est une autre paire de manches : nous continuons à invoquer l’Entente sur les tiers pays sûrs que nous avons conclue avec les États-Unis pour refuser aux demandeurs d’asile d’entrer au Canada.

Rappelons-nous pourquoi les gens demandent l’asile, pourquoi une famille quitterait son foyer et chercherait refuge à un endroit qui n’est pas particulièrement accueillant. Ce n’est pas pour avoir une vie meilleure. C’est pour avoir la vie sauve. Les réfugiés accourent chez nous pour trouver la sécurité.

Peut-on imaginer ce que signifie vivre dans la peur, dans une situation de persécution constante? Peut-on imaginer ce que signifie devoir se cacher avec ses tout jeunes enfants sous un toit fragile, pendant que des avions de chasse survolent la maison et bombardent la rue? L’un ou l’autre d’entre nous peut-il s’imaginer ce que signifie pour une personne le fait d’être traquée par des bandes criminelles qui veulent prendre ses filles pour les vendre ou tuer son père parce qu’il a quitté la bande?

La plupart des Canadiens ont le privilège de ne jamais avoir eu à vivre dans la peur. Nombre d’entre nous ont peine à imaginer la réalité des demandeurs d’asile.

À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, soulignons que le Canada continue, au titre de l’entente sur les tiers pays sûrs, de renvoyer aux États-Unis des gens qui sont vulnérables, démunis et persécutés. Il est troublant que l’on considère encore les États-Unis comme un pays sûr. Nous sommes tous au courant que des réfugiés sont détenus dans des conditions inhumaines, que 1 500 enfants manquent à l’appel et que des dizaines de personnes sont mortes. Maintenant, nous devrions tous être au courant de la façon dont les policiers traitent les personnes de couleur aux États-Unis.

D’après les traités internationaux que nous avons conclus et les discours que nous faisons, le Canada s’engage à offrir un refuge sûr et à faire preuve de compassion. Or, appliquer une entente qui a pour effet de renvoyer une mère et ses enfants dans une cellule de détention aux États-Unis, ce n’est pas faire preuve de compassion, c’est contraire à l’éthique, et cela va à l’encontre des valeurs canadiennes.

Étant donné cette situation qui pèse sur notre conscience collective, je vous demande ce qu’il faudrait pour abroger cette entente?

Merci.