Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 38e Législature,
Volume 142, Numéro 51

Le mardi 19 avril 2005
L’honorable Daniel Hays, Président

SCOUTS CANADA

PROJET DE LOI D’INTÉRÊT PRIVÉ MODIFIANT LA LOI CONSTITUTIVE—DEUXIÈME LECTURE

L’ordre du jour appelle :

Reprise du débat sur la motion de l’honorable sénateur Di Nino, appuyée par l’honorable sénateur Murray, C.P., tendant à la deuxième lecture du projet de loi S-27, Loi concernant Scouts Canada.—(L’honorable sénateur Jaffer)

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, c’est un honneur et un plaisir de prendre encore une fois la parole au sujet du projet de loi S-27, qui change officiellement le nom des Boys Scouts du Canada en Scouts Canada.

Je me suis occupée de scoutisme pendant presque toute ma vie. J’ai été brownie, guide et guide de la Reine pendant que je grandissais en Afrique, puis Girl Scout aux États-Unis. Pour ma famille, le scoutisme est une tradition. Ma mère a connu lady Baden- Powell, femme de lord Robert Baden-Powell, fondateur du scoutisme. Elle était devenue chef éclaireuse. Elle continue encore à s’occuper du mouvement des guides jusqu’à maintenant.

À mon arrivée au Canada, je voulais continuer à m’occuper de scoutisme et transmettre cette tradition à mes enfants, comme mes propres parents ne l’ont transmise. Avec mon mari, j’ai été castor, louveteau et chef pionnier. Dans les années 1980, mon mari et moi avons lancé un groupe mixte de pionniers, l’un des rares qui existaient alors dans le pays. Nous avons pensé que ce serait un excellent moyen de réunir des jeunes des deux sexes pour qu’ils apprennent à se comprendre et à nouer des relations les uns avec les autres.

Honorables sénateurs, j’ai toujours appuyé et je continue d’appuyer le scoutisme parce que je crois qu’il donne aux garçons et aux filles des connaissances qui leur permettent non seulement de survivre dans la nature, mais aussi de mieux se débrouiller dans la vie et, selon la devise scoute, d’être toujours prêts. Le scoutisme apprend aux jeunes à nouer des rapports interpersonnels et à devenir des chefs, à affronter les défis et à travailler en équipe. Ces leçons ne peuvent être apprises que dans le genre d’environnement que le scoutisme offre.

C’est le genre de leçons que lord Baden-Powell avait en tête lorsqu’il a fondé le mouvement des scouts il y a presque un siècle. Il se disait qu’il serait bon d’enseigner à des garçons les compétences et les idéaux propres au mouvement scout. Les scouts devaient être forts, courageux et alertes. Ils devaient être capables d’interpréter les signes de la nature, comme les traces d’animaux, et de survivre dans la nature. Il leur fallait être toujours prêts à s’entraider et être capables de décider quoi faire et quand le faire. Lord Baden-Powell croyait que le scoutisme devait faire partie intégrante de l’éducation des jeunes, leur permettre d’apprécier les enseignements religieux et faire d’eux des apôtres de la paix. Il a justifié l’importance du scoutisme dans l’éducation des jeunes par un certain nombre de raisons. Selon lui, le secret d’une bonne éducation consistait à montrer à chaque élève comment devenir autodidacte plutôt que de lui bourrer le crâne à la manière traditionnelle.

Lord Baden-Powell avait une vision qui dépassait le simple apprentissage des techniques de survie et qui englobait en fait la promotion de la paix et de la justice. Il disait :

Avant d’abolir les armements, avant de faire des promesses en vue de la conclusion de traités, avant de construire des palais où siègeront les délégués aux processus de paix, la première chose qu’on doit faire est de former les générations montantes de toutes les nations à se laisser guider en toute chose par un sens absolu de la justice.

Lorsqu’un homme a acquis l’instinct de songer, dans la conduite de sa vie de tous les jours, à étudier toute question de façon impartiale, en tenant soigneusement compte des deux côtés de la médaille avant de se ranger d’un côté ou de l’autre, alors, si une crise éclate entre deux nations, il est naturellement plus disposé à reconnaître la justice de la cause et à adopter une solution pacifique, ce qui est impossible tant que son esprit est habitué à penser que la guerre est la seule solution.

Voilà qui montre pourquoi le scoutisme est important, selon moi, et pourquoi j’encourage les jeunes à prendre part au mouvement scout dans ma famille et au sein de ma collectivité. Comme le sénateur Di Nino l’a mentionné, l’organisme Scouts Canada regroupe maintenant des garçons et des filles. Le projet de loi S- 27 en changera officiellement le nom de manière à refléter cette nouvelle réalité.

Quand j’ai amené mon propre groupe mixte de pionniers au Jamboree mondial à Kananaskis, en Alberta, l’expérience s’est révélée particulièrement enrichissante. Les filles ont appris qu’elles pouvaient s’adonner aux activités de plein air aussi bien, sinon mieux, que les garçons. Elles ont acquis une confiance en elles- mêmes particulière. Ces jeunes musulmanes ont appris qu’elles pouvaient faire tout ce que faisaient les garçons. Elles ont appris qu’elles pouvaient relever n’importe quel défi, gagner plus de points et de récompenses que leurs collègues masculins. Elles ont ainsi été mieux en mesure d’assumer des carrières vers lesquelles elles ne se seraient même pas dirigées. Aujourd’hui ces pionnières me disent qu’elles sont ingénieures ou scientifiques parce qu’elles n’ont aucune des barrières psychologiques qui restreignent parfois les possibilités des femmes.

Un des moments dont mon mari et moi sommes le plus fiers en tant qu’animateurs scouts s’est produit lorsque nous avons rencontré un membre féminin de notre groupe mixte de pionniers qui nous a dit qu’elle avait beaucoup de satisfaction dans son travail et qu’elle avait pu soutenir la concurrence grâce aux habiletés qu’elle avait acquises comme pionnière. Elle nous a dit que cette expérience lui avait montré qu’elle était aussi bonne que n’importe quel collègue masculin et que cela l’avait aidée à dissiper toute crainte qu’elle pouvait avoir face à ses propres limites.

En tant qu’ancienne commissaire auprès des guides, je crois que le mouvement est important pour la croissance des filles. Je pense que le groupe mixte aide les jeunes à bâtir la confiance en eux-mêmes. Je remercie le sénateur Di Nino d’avoir présenté le projet de loi S-27 et je me joins à lui pour appuyer l’adoption rapide de cette mesure.

J’exhorte tous les sénateurs à faire encore un effort et à appuyer le mouvement scout du Canada dans leurs propres régions, afin que nos jeunes puissent participer à l’expérience unique du scoutisme.