Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 116

Le mardi 6 novembre 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Le bénévolat au Canada

Interpellation—Suite du débat

L’ordre du jour appelle :

Reprise du débat sur l’interpellation de l’honorable sénateur Mercer, attirant l’attention du Sénat sur le niveau actuel du bénévolat au Canada, son impact sur notre société et son avenir au Canada.

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, cette interpellation a été ajournée au nom du sénateur Callbeck. Je lui ai demandé la permission de prendre la parole avant elle, puis d’ajourner cette interpellation en son nom, si vous le voulez bien.

Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui au sujet de l’interpellation du sénateur Mercer, qui attire l’attention du Sénat sur le niveau actuel du bénévolat au Canada, son impact sur notre société et son avenir au Canada.

Je tiens à remercier mon collègue, le sénateur Mercer, d’avoir attiré l’attention du Sénat sur l’importance du bénévolat au Canada. J’ai toujours admiré le sénateur Mercer en raison de son engagement personnel auprès de divers organismes caritatifs, dont la Fondation canadienne du diabète, le YMCA du Grand Toronto et la Fondation canadienne du rein. Dans son interpellation, le sénateur Mercer souligne l’importance de dire « merci » à tous les donateurs et bénévoles. C’est une façon de leur témoigner notre respect et notre appréciation. Je tiens à profiter de l’occasion pour le remercier de tout le travail qu’il fait en faveur des Canadiens.

Honorables sénateurs, nous, Canadiens, sommes vraiment conscients de la valeur du don de soi au nom de l’humanité et sommes très fiers de notre réputation en tant que pays compatissant, généreux et pacifique. La compassion, la générosité et l’unité sont des valeurs qui définissent le Canada depuis des siècles. Ces valeurs sont aussi les pierres angulaires de la philosophie de Son Altesse le prince Karim Aga Khan.

L’Aga Khan est le 49e imam héréditaire ou chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens. L’Aga Khan souligne le fait que l’islam est un mode de pensée, une spiritualité, qui enseigne la compassion et la tolérance et qui défend la dignité de l’homme, la création la plus noble d’Allah. En tant que fière musulmane ismaélienne, je me considère extrêmement privilégiée de pouvoir bénéficier des conseils et de la sagesse de l’Aga Khan.

Aujourd’hui, j’aimerais attirer l’attention du Sénat sur le bénévolat au sein de la communauté musulmane ismaélienne du Canada et mieux faire connaître l’éthique et les principes qui incitent les musulmans ismaéliens à servir leur collectivité et leur pays.

Dès ma plus tendre enfance, mes parents m’ont enseigné l’importance de redonner à la collectivité. Je me souviens avec émotion avoir enfilé mon uniforme de jeune bénévole ismaélienne pour aller participer à différentes activités organisées par la communauté ismaélienne en Ouganda. Je n’étais qu’une petite fille, mais les bénévoles plus âgés me trouvaient toujours quelque chose à faire. Mes deux enfants ont aussi porté avec fierté leur uniforme de bénévole. Mon époux et moi les avons regardés s’acquitter de toutes sortes de tâches. Nous sommes fiers de nos deux enfants.

Aujourd’hui, je m’enorgueillis de voir mon petit-fils de six ans participer fièrement à des activités, comme moi par le passé. J’admire son empressement à participer et à aider. Qu’il s’agisse d’organiser une collecte de vêtements ou de boîtes de conserve en prévision du temps des Fêtes, de nettoyer un parc du quartier ou de servir de la nourriture lors d’une activité communautaire, il y a toujours une activité où l’on a besoin de bénévoles de tous les âges, et même de petits garçons.

La générosité a toujours été au cœur de la philosophie de la communauté ismaélienne. L’importance de donner du temps et de se mettre au service de la communauté est inculquée aux bénévoles ismaéliens dès leur plus jeune âge. Ce précepte est renforcé tout au long de leur vie adulte. Par exemple, le Défi communautaire des bénévoles ismaéliens, communément appelé le CIVIC, est un programme de bénévolat qui tente d’avoir une incidence positive dans les collectivités, partout au Canada. Ce programme permet aux jeunes âgés de 13 à 25 ans de devenir des ambassadeurs du bénévolat. L’œuvre des bénévoles du programme CIVIC au niveau local est ressentie dans l’ensemble des collectivités canadiennes, car leur mission ne se limite pas seulement à la communauté ismaélienne. Il s’agit d’un effort global afin de contribuer à la société de manière positive, toutes confessions et origines confondues.

Partout au pays, lors de chaque journée désignée du programme CIVIC, plus de 1 100 participants se rassemblent dans leurs régions respectives et consacrent plus de 4 400 heures de bénévolat à des projets désignés. Ces projets peuvent viser à réhabiliter des quartiers détériorés ou à dynamiser la faune et la flore des régions naturelles. Le programme CIVIC a mené à bien de nombreux projets de préservation de l’environnement qui illustrent sa mission. Par exemple, en 2009, pour commémorer le jubilé d’or de l’Aga Khan, des jeunes de ma province, la Colombie-Britannique, ont planté 50 arbres fruitiers qui produiront chaque année environ une tonne de fruits qui seront offerts à des refuges du centre-ville de Vancouver. Ce sont des efforts et de petits gestes de bonté bénévoles comme ceux-là qui peuvent donner aux autres l’idée d’aider à une grande échelle ou sur des tribunes différentes. La communauté ismaélienne a toujours adhéré à l’esprit du bénévolat et a toujours rappelé que, peu importe l’âge, personne n’est jamais trop jeune ou trop vieux pour changer les choses.

Les Jeux olympiques de 2010 de Vancouver sont un autre exemple de mobilisation de la communauté ismaélienne, y compris les jeunes et les moins jeunes, pour servir la collectivité. On a demandé au corps de bénévoles ismaéliens d’aider à organiser et à planifier la logistique des Jeux olympiques d’hiver de 2010. En effet, le comité et la collectivité ont reconnu l’expertise de ce corps de bénévoles, qui a organisé d’autres événements d’envergure, comme ceux que nous tenons régulièrement. Pendant les Jeux d’hiver de 2010, les bénévoles ismaéliens ont fourni de multiples services, allant de la communication de renseignements aux touristes et aux athlètes à la gestion de nombreuses foules pleines d’énergie, en passant par l’accompagnement de hauts fonctionnaires et de ministres à des événements spéciaux réservés aux dignitaires à Vancouver et dans les environs. Lorsqu’elle participe à des activités bénévoles au sein de la collectivité, la communauté musulmane ismaélienne cherche à redonner aux collectivités où elle vit en appliquant concrètement le principe d’éthique du bénévolat.

Non seulement les bénévoles musulmans ismaéliens offrent leur temps et leur savoir-faire, mais ils ont aussi lancé plusieurs projets afin de recueillir de l’argent pour les populations vulnérables et marginalisées du Canada et d’ailleurs. Par exemple, des milliers de Canadiens se rassemblent chaque année dans 10 villes du Canada pour participer à la Marche des partenaires mondiaux, qui est la plus importante activité de financement au Canada pour la lutte contre la pauvreté. Depuis sa première édition, en 1985, la Marche des partenaires mondiaux a permis de recueillir plus de 17 millions de dollars, qui sont allés à des programmes et des projets de développement international.

Depuis 27 ans, la Fondation Aga Khan et ses bénévoles dévoués organisent cette marche pour montrer aux Canadiens les épreuves que vivent les peuples des autres pays et pour rappeler aux gens que nous faisons tous partie de la communauté mondiale, où tous les membres se valent. La Fondation Aga Khan Canada verse tous les fonds recueillis grâce à la Marche des partenaires mondiaux à des projets qui touchent la santé, l’éducation, la culture et le développement économique, surtout en Afrique et en Asie.

La marche de la communauté ismaélienne, une autre initiative lancée par cette communauté, a lieu chaque année en Colombie- Britannique. En fait, il y a à peine quelques semaines, j’ai eu l’honneur de marcher aux côtés de 1 500 Britanno-Colombiens, lors du 25e anniversaire de l’événement. Depuis plus de 20 ans, des hommes, des femmes et des enfants de la Colombie-Britannique se rassemblent à l’arche du Bûcheron, au parc Stanley, où ils profitent de prestations musicales, des met délicieux et de l’atmosphère festive tout en appuyant une cause importante.

Dans le passé, la marche de la communauté ismaélienne s’est associée à des organismes comme le YMCA, un organisme qui m’est très cher et dont j’ai été la présidente nationale pendant six ans, l’Institut de recherche en santé des femmes de l’Hôpital des femmes de la Colombie-Britannique, la Fondation du Centre de santé et, plus récemment, la Fondation des maladies du cœur, afin de sensibiliser les gens et de recueillir des fonds pour des causes remarquables et méritoires. En fait, au cours des 21 dernières années, la marche de la communauté ismaélienne a permis de recueillir plus de 3,8 millions de dollars pour des organismes communautaires de la vallée du Bas-Fraser.

Honorables sénateurs, j’aimerais conclure en apportant quelques précisions au sujet de la Fondation Aga Khan Canada, qui est le point d’ancrage de bon nombre des différents projets et initiatives dont j’ai parlé aujourd’hui. La Fondation Aga Khan Canada est une agence internationale laïque et sans but lucratif qui soutient des programmes de développement social en Asie et en Afrique. En tant que membre du Réseau mondial Aga Khan de développement, elle s’attaque aux causes profondes de la pauvreté. En ce sens, elle trouve et échange des solutions durables qui contribuent à l’amélioration de la qualité de vie des collectivités pauvres.

Depuis plus de 25 ans, la Fondation Aga Khan Canada travaille avec les Canadiens pour soutenir des initiatives visant à améliorer durablement la qualité de vie des collectivités pauvres et marginalisées d’Asie et d’Afrique. De plus, elle encourage le dialogue sur des enjeux mondiaux importants pour mettre en valeur le leadership unique du Canada dans les affaires mondiales. L’excellent travail qu’elle accomplit au Canada n’est possible que grâce aux centaines de bénévoles qui donnent de leur temps sans compter et qui prêtent généreusement leur concours aux nombreux projets qu’elle organise chaque année.

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Qu’il s’agisse des personnes qui ont participé à l’organisation de la marche et du tournoi de golf des partenaires mondiaux ou des stagiaires qui se sont rendus dans les pays en développement pour aider les gens de collectivités durement touchées par la faim, la pauvreté et les conflits, les bénévoles aident la Fondation Aga Khan à concrétiser sa vision.

Honorables sénateurs, le gouverneur général, M. Johnston, a fait du bénévolat un élément fondamental de son mandat. En octobre 2011, Son Excellence s’est adressé aux distingués membres du Canadian Club de Vancouver lors d’un déjeuner qui s’est déroulé au centre Ismaili de Burnaby. Il a profité de l’occasion pour parler des valeurs et des idéaux qui contribuent à façonner une identité canadienne dynamique au XXIe siècle et il a rappelé aux Canadiens l’importance du bénévolat et de la philanthropie.

Les Canadiens se targuent d’être généreux, ouverts d’esprit et avant-gardistes. Si nous travaillons en collaboration, avec altruisme et sans relâche, nous pourrons bâtir un monde qui offrira d’énormes possibilités aux générations à venir. Si, seul, nous avons ce désir, nous savons qu’ensemble nous avons les capacités nécessaires et qu’en unissant nos efforts, nous concrétisons le potentiel du service bénévole.

Honorables sénateurs, nous savons que personne ne peut tout faire, mais nous savons aussi que n’importe qui peut faire quelque chose afin de créer des possibilités pour tous.

(Sur la motion du sénateur Jaffer, au nom du sénateur Callbeck, le débat est ajourné.)