1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 154

Le mardi 23 avril 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

Les universités et les établissements d’enseignement postsecondaire

Interpellation—Suite du débat

L’ordre du jour appelle :

Reprise du débat sur l’interpellation de l’honorable sénateur Cowan, attirant l’attention du Sénat sur les nombreuses contributions des universités et autres établissements d’enseignement postsecondaire du Canada, ainsi que de leurs instituts de recherche, à l’innovation et à la recherche dans notre pays, et en particulier aux activités que ceux-ci entreprennent, en partenariat avec le secteur privé et celui sans but lucratif, avec un appui financier de sources nationales et internationales, dans l’intérêt des Canadiens et des gens un peu partout dans le monde.

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le sénateur Dawson m’a donné la permission de prendre la parole maintenant.

[Français]

Honorables sénateurs, je suis heureuse de prendre la parole sur cette interpellation concernant les contributions à l’innovation et à la recherche des universités et autres établissements d’enseignement postsecondaire du Canada. Comme le sénateur Cowan l’a souligné dans son interpellation, les partenariats que bon nombre d’universités et autres établissements d’enseignement postsecondaire du Canada concluent avec le secteur privé et les organismes sans but lucratif produisent d’excellents résultats au pays et à l’étranger.

[Traduction]

Je tiens à remercier le sénateur Cowan d’avoir attiré l’attention du Sénat sur la recherche et l’innovation au pays, et je salue la collaboration du sénateur Cowan et du sénateur Segal à cet égard.

Aujourd’hui, je veux souligner et célébrer certains aspects de la recherche effectuée au pays qui contribuent au développement durable dans les nations les plus pauvres.

En 2009, le cinéaste canadien Richard Phinney est retourné en Afghanistan, où il n’était pas allé depuis plusieurs années. Au lieu des champs de pavot, des armes et de la violence qui étaient gravés dans sa mémoire, M. Phinney a vu de nouveaux établissements qui forment des sages-femmes et des agents de santé communautaire, des vérifications à caractère social qui incarnent parfaitement la démocratie, et de jeunes filles qui rêvent de devenir médecin ou enseignante.

Dans son film, M. Phinney découvre et montre les changements apportés grâce aux recherches effectuées par les institutions canadiennes, appuyées par la Fondation Aga Khan et la générosité d’un grand nombre de Canadiens. Grâce aux efforts déployés pour favoriser le développement de la petite enfance, le processus démocratique, les systèmes de santé, le commerce international, l’économie et le microfinancement, le Canada a contribué à assurer un avenir meilleur pour l’Afghanistan.

[Français]

Ensemble, grâce au soutien de la Fondation Aga Khan, les établissements, les étudiants et les chercheurs du Canada font beaucoup pour promouvoir l’information, la prospérité et la paix dans le monde.

Créée en 1980, la Fondation Aga Khan Canada est une agence de développement international sans but lucratif qui œuvre en Asie et en Afrique pour trouver des solutions durables à des problèmes complexes causant la pauvreté dans le monde.

(1710)

La fondation est un organisme de bienfaisance canadien et une agence du Réseau Aga Khan de développement.

[Traduction]

Pour citer le site web de la Fondation Aga Khan Canada :

En plus de soutenir des programmes à l’étranger, la Fondation Aga Khan Canada offre plusieurs programmes éducatifs ayant pour objectif d’améliorer la qualité de l’aide au développement du Canada et de montrer aux Canadiens comment ils peuvent contribuer à résoudre le problème de la pauvreté. Nos stages internationaux forment la génération montante de leaders mondiaux en envoyant des dizaines de jeunes Canadiens à l’étranger pour en apprendre davantage sur les défis que pose le développement pour nos pays partenaires. La Fondation Aga Khan Canada invite les étudiants de pays en développement à venir étudier au Canada, où ils pourront nouer des relations professionnelles qui dureront toute leur vie. La fondation envoie aussi des spécialistes canadiens à l’étranger afin qu’ils fassent profiter leurs collègues de pays en développement de leurs connaissances et leur expertise.

La Fondation Aga Khan Canada a l’habitude de collaborer avec plusieurs institutions canadiennes, notamment l’Université de l’Alberta, l’Université McMaster, l’Université de Guelph, l’Université de Toronto, l’Université Carleton et l’Université de la Colombie-Britannique.

Honorables sénateurs, les partenariats avec des organismes comme la Fondation Aga Khan Canada jouent un rôle crucial dans le soutien à la recherche et à l’innovation au sein d’institutions canadiennes, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Plusieurs universités canadiennes établissent des partenariats à l’étranger, mais travailler avec des organismes de développement international qui ont de l’expérience dans les pays en développement, comme la Fondation Aga Khan, permet de déployer plus efficacement l’expertise canadienne et mène à une amélioration durable de la qualité de vie dans les pays et les communautés plus défavorisés.

[Français]

En facilitant l’engagement du Canada à l’égard des pays en développement, la Fondation Aga Khan contribue à promouvoir les valeurs canadiennes que sont le pluralisme, la collaboration et la compassion, tout en permettant aux Canadiens de parfaire leurs connaissances, de faire de la recherche, d’innover et de mettre à profit les résultats de leurs travaux.

Cet engagement du Canada ne se limite pas à accroître la prospérité du Canada grâce à l’innovation et à la collaboration; il contribue également à renforcer la croissance, la stabilité et la qualité de vie des pays où les besoins matériels sont criants, et la paix un projet. Ces pays se démarquent par leur créativité et leurs perspectives nouvelles, mais surtout, ce sont des pays où les gens peuvent bénéficier de la recherche et des connaissances des étudiants, des universitaires et des praticiens canadiens, et y ajouter de la valeur.

[Traduction]

Honorables sénateurs, en novembre 2008, l’Université McMaster a signé un protocole d’entente avec l’Université Aga Khan. Il s’agissait d’une nouvelle étape dans le cadre d’une collaboration qui existe depuis 25 ans, afin d’établir à l’échelle mondiale des principes et des pratiques relativement aux soins infirmiers. Les deux universités se sont associées pour offrir des initiatives nationales en soins infirmiers en Afrique et en Asie, où la pratique infirmière est souvent oubliée.

L’école d’infirmerie de l’Université McMaster a joué un rôle déterminant dans ce partenariat, notamment en appuyant les travaux de recherche visant à améliorer l’enseignement et la réglementation de la profession d’infirmière un peu partout dans le monde. Les investissements canadiens ont notamment permis à l’Université Aga Khan de contribuer de façon importante à l’élaboration d’un programme national de formation des infirmières et des sages-femmes en Afghanistan.

[Français]

L’an dernier, dans le cadre du projet de Coopération régionale et renforcement de la confiance soutenu par la Fondation Aga Khan Canada et le ministère canadien des Affaires étrangères et du Commerce international, l’Université de l’Asie centrale a établi un partenariat avec la Norman Paterson School of International Affairs de l’Université Carleton. Ensemble, ils ont établi un programme intensif permettant à des fonctionnaires de l’Afghanistan, du Tadjikistan, du Kazakhstan et de la République kirghize de parfaire leurs connaissances de la pratique et de la théorie des échanges commerciaux.

[Traduction]

Comme le soulignait le directeur de la Norman Paterson School of International Affairs, Dane Rowlands, il y a des parallèles à faire entre l’économie de ces pays et l’économie canadienne, ce qui ne fait que rendre une éventuelle collaboration encore plus intéressante. Voici ce qu’il a dit :

Les ressources naturelles y sont abondantes, et la présence de géants économiques à leurs frontières influe sur leur propre économie. Ils sont donc naturellement intéressés à travailler avec le Canada.

Le Centre for Trade Policy and Law, à l’Université Carleton, a collaboré de très près avec l’institut de politiques publiques de l’Université d’Asie centrale à l’adaptation et à la mise en œuvre d’un programme axé sur les compétences propres à la réalité du commerce régional et international, programme qui a connu un vif succès auprès des participants, qui voyaient immédiatement les liens à faire avec leur travail.

Le secrétaire du ministre de l’Économie du Kirghizistan a par exemple tenu à souligner l’apport du programme aux préparatifs qui ont mené aux négociations bilatérales visant à accroître les échanges commerciaux entre son pays et l’Afghanistan. En conjuguant l’expertise canadienne en matière de négociation commerciale avec les réseaux régionaux et les connaissances de l’Université d’Asie centrale, cette collaboration sans précédent constitue un excellent exemple de ce qui arrive quand on réussit à canaliser efficacement le savoir-faire canadien.

Surtout, cette collaboration est en train de se transformer en partenariat à long terme. Voici ce qu’a déclaré Bohdan Krawchenko au nom de l’Université d’Asie centrale :

Grâce à l’aide de Carleton, nous avons bon espoir de pouvoir créer le premier programme de premier cycle de toute l’Asie centrale en économie et en commerce internationaux.

En juin 2009, l’Université de l’Alberta et l’Université Aga Khan ont signé un protocole d’entente afin de favoriser l’engagement international, les progrès humains et la justice sociale dans le monde entier. À l’Université de l’Alberta, ce partenariat a donné lieu à des travaux de recherche et à des innovations en vue d’améliorer la qualité de vie dans les pays en développement en collaboration avec le Réseau Aga Khan de développement.

Pendant la signature du protocole d’entente, le premier ministre de l’Alberta, Ed Stelmach, a souligné que :

L’élargissement du partenariat place l’Université de l’Alberta à l’avant-plan du renforcement des capacités mondiales. La solide réputation du Réseau AKDN en matière de développement économique, social et culturel permet à l’université de faire fond sur l’innovation albertaine en recherche et en enseignement au profit de collectivités non seulement dans la province, mais aussi dans l’Est de l’Afrique ainsi que dans le centre et le Sud de l’Asie.

Grâce, par exemple, au programme de stage international offert par l’entremise de l’Université Aga Khan, bien des étudiants et des chercheurs de l’Université de l’Alberta ont eu la chance de mettre leurs compétences à profit, de faire progresser leurs travaux de recherche et de réseauter avec des établissements du monde entier dans des domaines tels que les communications, les ressources humaines, les technologies de l’information, la gestion, l’enseignement et les sciences infirmières.

Indira Samarasekera, présidente et vice-chancelière de l’Université de l’Alberta, a ajouté ceci :

À l’instar du Réseau Aga Khan de développement, l’Université de l’Alberta est fermement résolue à proposer un enseignement supérieur et des travaux de recherche axés sur le monde. Grâce à ce partenariat, l’université se rapprochera nettement d’un de ses objectifs principaux, celui de tendre la main au monde en développement, que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient ou ailleurs en Asie, et d’entamer un dialogue et des échanges porteurs et efficaces.

Firoz Rasul, président de l’Université Aga Khan, a félicité l’Université de l’Alberta, en particulier pour ses travaux de recherche sur le Nord canadien, expliquant que :

Leur approche novatrice en matière de recherche, d’enseignement et de service dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement économique et environnemental durable dans les localités nordiques du Canada pourrait s’avérer fort profitable aux pays en développement où l’Université Aga Khan, l’Université de l’Asie centrale et le Trust Aga Khan pour la culture sont actifs.

[Français]

Honorables sénateurs, en plus de faciliter les partenariats, la Fondation Aga Khan se rend sur place, ce qui permet aux Canadiens issus des universités et autres établissements d’enseignement postsecondaire de faire profiter les gens de leurs connaissances et des résultats de leurs recherches.

Fondé en 1989, le Programme de stages en développement international de la Fondation Aga Khan est un programme de perfectionnement professionnel visant à donner aux jeunes Canadiens une expérience pratique en développement international. Le programme se divise en trois branches distinctes : la gestion du développement international, la micro-finance et les micro-entreprises internationales, et les jeunes professionnels des médias.

(1720)

Ce programme unique permet aux étudiants canadiens de vivre l’expérience du développement et de la recherche dans les pays en développement et de pouvoir faire avancer les choix.

[Traduction]

Les programmes de gestion du développement international donnent aux étudiants de niveau postsecondaire l’occasion de travailler sur le terrain avec les partenaires du Réseau Aga Khan de développement, afin d’aider à la planification et à la mise en œuvre de programmes portant entre autres sur le développement de la petite enfance, la gestion des ressources naturelles et la santé.

En se mettant ainsi au service des collectivités à l’étranger, les jeunes Canadiens contribuent de manière importante à leur champ d’activité et appuient les organismes hôtes dans la recherche et le développement de leurs programmes. Par exemple, les stagiaires ont contribué à la création de procédures efficaces entourant les rapports de gestion et la documentation pour des programmes de développement de la petite enfance, ce qui a aidé de jeunes enfants asiatiques et africains à obtenir la meilleure éducation possible.

L’un des programmes de stages les plus prestigieux dans le domaine des médias au Canada est celui de la Fondation Aga Khan pour les jeunes professionnels des médias, qui offre des stages au sein de l’organisme Nation Media Group, au Kenya et en Ouganda. Il permet à de jeunes Canadiens d’acquérir de l’expérience dans les domaines de la presse écrite, de la télévision, des médias en ligne et d’autres, en Afrique de l’Est. Grâce à l’échange d’idées, à l’expérience acquise et à la formation reçue, nos jeunes journalistes Canadiens ont l’occasion d’améliorer leurs connaissances et de s’exposer davantage aux enjeux complexes qu’affrontent les pays en voie de développement. Les Canadiens continuent ainsi à faire avancer le journalisme, un domaine dynamique et en constante évolution.

[Français]

Honorables sénateurs, en plus de promouvoir la recherche à l’étranger, la Fondation Aga Khan favorise les discussions entre étudiants et universitaires du Canada sur des enjeux nationaux et internationaux. La Fondation Aga Khan offre un programme de séminaires et d’ateliers qui renseigne les Canadiens sur le rôle de la recherche et de l’innovation dans le développement international.

[Traduction]

Récemment, la Fondation Aga Khan a organisé un événement dans le cadre de sa série de séminaires sur l’importance des 1 000 premiers jours de vie. Des recherches récentes, du Canada et d’ailleurs, permettent de croire que les premières années de vie sont déterminantes pour l’avenir de l’enfant.

Son Honneur le Président intérimaire : J’ai le regret d’informer la sénatrice que son temps de parole est écoulé. Est-ce qu’elle souhaite avoir plus de temps?

La sénatrice Jaffer : Pourrais-je avoir cinq minutes de plus?

Son Honneur le Président intérimaire : Est-ce d’accord, honorables sénateurs?

Des voix : D’accord.

La sénatrice Jaffer : Le Dr Stephen Lye, directeur exécutif de l’institut Fraser Mustard pour le développement humain à l’Université de Toronto, a fait ressortir que les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant jouent un rôle crucial, puisqu’ils auront une incidence sur sa santé, son apprentissage et son fonctionnement social à l’âge adulte. Le Dr Lye a présenté un survol des importants travaux de recherche sur le développement des jeunes enfants menés au Canada, notamment à l’institut Fraser Mustard de l’Université de Toronto et à l’institut pour l’éducation de la petite enfance et la recherche, à l’Université de la Colombie-Britannique.

Les travaux de recherche faits au Canada dans ce domaine essentiel sont utilisés de façon concrète dans les pays en développement. Ainsi, l’un des récents projets de la Fondation Aga Khan, le projet Renforcer les communautés, sauver des vies, se fonde sur les résultats de la recherche canadienne pour réduire les taux de mortalité infantile dans le monde entier. D’après le Dr Zulfiqar Bhutta, de l’Université Aga Khan :

La mortalité infantile peut être significativement réduite en ciblant des interventions axées sur les plus pauvres, particulièrement dans les régions rurales.

Des idées et des solutions novatrices sont ressorties des discussions auxquelles participaient des experts des établissements canadiens et des ONG. La collaboration et l’éducation contribuent grandement à améliorer la vie des Canadiens et des autres peuples; on ne pourra jamais trop le répéter.

Honorables sénateurs, qu’il s’agisse d’améliorer les pratiques en matière de soins infirmiers dans le monde entier, de scolariser des fillettes en Afghanistan, de favoriser la coopération économique entre l’Afghanistan et ses voisins, ou d’aider les jeunes du Canada et de l’étranger à bien se développer pendant leurs 1 000 premiers jours, pour ne nommer que quelques projets, la Fondation Aga Khan offre un soutien considérable à la recherche ainsi qu’aux étudiants et chercheurs canadiens.

En tant que Canadiens, nous sommes choyés et privilégiés. Nous avons aussi la responsabilité de venir en aide à ceux qui n’ont pas la même chance que nous.

Honorables sénateurs, j’espère que vous vous joindrez à moi pour féliciter la Fondation Aga Khan pour le travail admirable qu’elle effectue en collaboration avec les universités et les établissements postsecondaires du Canada. Je vous demande également de vous joindre à moi pour féliciter le sénateur Cowan d’avoir lancé cette interpellation. Merci beaucoup.

(Sur la motion du sénateur Dawson, le débat est ajourné.)