1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 171

Le jeudi 6 juin 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La stratégie nationale sur la radicalisation

Interpellation—Ajournement du débat

L’honorable Mobina S. B. Jaffer, ayant donné préavis le 25 avril 2013 :

Qu’elle attirera l’attention du Sénat sur la radicalisation au Canada et la nécessité d’établir une stratégie nationale qui traite plus proactivement du terrorisme grâce à l’adoption d’une approche communautaire pour prévenir la radicalisation et faciliter la déradicalisation.

— Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour parler des moyens que nous pouvons mettre en place pour prévenir la radicalisation des jeunes Canadiens.

Les gouvernements du monde entier ont déjà fait de bons progrès à cet égard. Au Canada, toutefois, les efforts se concentrent surtout sur les enquêtes policières et les activités de renseignement. Nous devrions nous employer à prévenir la radicalisation, au lieu d’attendre qu’elle pose des problèmes de sécurité nationale.

On peut songer, par exemple, aux quatre Canadiens qui ont participé récemment à des attaques terroristes en Algérie, aux personnes qui ont été arrêtées alors qu’elles planifiaient une attaque terroriste contre des trains de voyageurs de VIA Rail, et aux attaques terroristes survenues à Boston et à Londres.

Les données sur la radicalisation me portent à croire que le Canada a besoin d’une stratégie à long terme qui mise sur la collectivité. Il devra aussi se doter d’une stratégie nationale de déradicalisation.

Afin d’expliquer ce qui m’a menée à ces conclusions, j’aborderai trois questions. Je donnerai tout d’abord un aperçu général de la radicalisation, en expliquant ce qu’elle est, qui elle touche en général, et dans quels milieux elle se produit. En deuxième lieu, je donnerai un aperçu des politiques et programmes actuels du gouvernement, et je soulignerai leurs lacunes. En troisième lieu, je présenterai des recommandations de politique fondées sur des données probantes en sciences sociales et sur des expériences passées dans le domaine de la radicalisation.

Tout d’abord, qu’est-ce que la radicalisation? La Gendarmerie royale du Canada définit la radicalisation comme étant « le processus selon lequel des personnes, surtout des jeunes, […] [remplacent] leurs croyances modérées et généralement admises par des opinions extrêmes ».

On a tendance à croire que les radicaux sont tous violents. C’est une erreur. Beaucoup de personnes ont des idées radicales mais ne passent jamais aux actes. D’autres radicaux s’emploient à apporter des changements positifs dans leur collectivité. Certaines des figures les plus marquantes et les plus respectées de l’histoire, par exemple Martin Luther King Jr et Rosa Parks, étaient qualifiées de radicaux à leur époque. En fait, bon nombre de personnes « radicales » mais non violentes peuvent être des alliées de premier plan dans la lutte contre le terrorisme.

Qui devient un radical violent? Il n’est pas facile de repérer les radicaux qui pourraient poser des gestes violents.

(1700)

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, on s’intéresse essentiellement à la menace du terrorisme islamiste. De nombreuses études énumèrent les facteurs communs de risque. Les musulmans instruits de sexe masculin qui appartiennent à la classe moyenne et sont âgés de 18 à 35 ans, les immigrants de la deuxième ou troisième génération et ceux qui se sont récemment convertis à l’islam sont les plus susceptibles d’être radicalisés.

Les stéréotypes voulant que la radicalisation découle du fait que les immigrants musulmans ne réussissent pas à s’intégrer dans la société canadienne sont faux. En réalité, la plupart des terroristes islamistes canadiens d’origine intérieure sont nés canadiens et ont été élevés et instruits au Canada. L’un des jeunes impliqués dans les attentats terroristes récemment commis en Algérie était un dénommé Xristos Katsiroubas. C’était un Canadien de 22 ans qui avait grandi dans une famille canadienne d’origine grecque de la classe moyenne à London, en Ontario, et qui s’était converti à l’islam dans son adolescence.

Cela confirme ce que les indices recueillis ont montré depuis longtemps : il n’existe aucun schéma prévisible de radicalisation. De ce fait, le profilage racial n’est pas efficace. La majorité des gens qui présentent les facteurs communs de risque sont des gens modérés et pacifiques. Il faut se rendre compte que les facteurs de risque ont un caractère permissif plutôt que causal. Autrement dit, ils établissent un contexte dans lequel radicalisation est plus susceptible de se produire, sans être inévitable.

Je dois également insister sur le fait que la radicalisation n’est pas un phénomène propre aux musulmans et aux convertis à l’islam. Elle se produit aussi dans d’autres religions. Les individus partagent souvent une motivation commune par esprit d’aventure ou de contre-culture. Par exemple, Anders Breivik était un Norvégien radical persuadé que l’islam était en train de détruire la civilisation occidentale. En 2011, il s’est livré en Norvège à des attentats qui ont fait 77 morts.

Nous ne devrions pas être assez naïfs pour croire que nous pouvons faire abstraction des radicaux de droite. Blood & Honour, groupe suprémaciste blanc de réputation internationale, a été récemment lié à des attentats commis au Canada.

En 2012, un Philippin a été arrosé de kérosène et immolé par le feu à Vancouver à cause de son origine ethnique.

Les groupes dits à cause multiples tels que l’Initiative de résistance internationaliste constituent également une grave menace.

Depuis 2004 au Canada, neuf attentats à la bombe sont attribuables à des militants de gauche. Ils sont motivés par toute une série d’enjeux tels que l’environnement, l’inégalité économique, le complexe prison-industrie et les militaires.

Où se produit la radicalisation? Elle peut faire son apparition à de nombreux endroits : dans la famille, dans les groupes sociaux, sur Internet ou en prison. L’information recueillie indique que les processus de groupe constituent le facteur le plus important. Plus particulièrement, les sociologues mettent l’accent sur les liens de parenté et les grands réseaux sociaux comme voies de transmission des idées radicales.

Les individus les plus vulnérables cherchent à s’intégrer à des identités de groupe. En fin de compte, il s’agit de savoir qui on connaît. Il y a des gens qui ont été radicalisés par leurs amis, leurs parents, leur mari, leur femme ou leurs frères et sœurs.

L’une des grandes voies de la radicalisation se situe dans les engagements virtuels sur Internet. L’auteur Marc Sageman note que les terroristes les plus dangereux ne sont plus ceux qui sont liés à Al- Qaïda, mais plutôt les terroristes amateurs autoproclamés qui trouvent un but dans le terrorisme en prenant contact avec des camarades sur le Web. Les entrepreneurs radicaux en tirent parti en faisant de la propagande en ligne et en publiant des modes d’emploi permettant de construire des engins explosifs rudimentaires.

Le terrorisme peut également se propager en prison. Les détenus connaissent souvent une crise psychologique comportant des sentiments de rejet, d’isolement et d’insécurité. C’est ainsi qu’ils sont susceptibles d’adopter un nouveau système de croyances comme mécanisme d’adaptation. Les nouvelles croyances peuvent comprendre des idéologies extrémistes ou des interprétations religieuses qui ouvrent la porte à la radicalisation.

Les groupes terroristes considèrent donc les prisons comme un moyen de recrutement. Le problème s’est manifesté au Canada dans le cas d’Ali Mohamed Dirie, qui a aidé à orchestrer l’attentat du groupe dit des « 18 de Toronto » depuis sa cellule. Les procureurs de la Couronne ont dit que Dirie a joué un rôle actif en amenant d’autres détenus à adopter des croyances djihadistes extrémistes et à se joindre à son groupe terroriste.

Quels politiques et programmes le Canada a-t-il mis en place pour combattre la radicalisation? L’approche du Canada est définie dans la Stratégie antiterroriste officielle rendue publique en 2011. Le principe de base de la stratégie est de renforcer la résilience face au terrorisme et aux idéologies extrémistes. Ses principaux éléments consistent à empêcher, à déceler, à priver et à intervenir.

Seul le premier élément — empêcher — combat la radicalisation. Les trois autres sont des réactions. La stratégie vise à identifier ceux qui pourraient participer à des activités terroristes pour les empêcher d’agir et à intervenir rapidement si des attentats sont commis.

Personne ne songerait à contester l’importance qu’il y a à assurer la sécurité immédiate des Canadiens et à traduire en justice ceux qui se livrent à des activités terroristes. Cette importance a été démontrée dans le cas des « 18 de Toronto ». Des enquêtes efficaces de la police et de nos services de renseignements ont prévenu un important attentat au Canada.

Toutefois, ces stratégies doivent s’accompagner de mesures de prévention. Une stratégie proactive axée sur les causes profondes du terrorisme permettra de prévenir les attentats futurs. La prévention combat la radicalisation en s’attachant aux motivations de ceux qui risquent de se livrer à des activités terroristes.

Pour s’acquitter de cette tâche, le gouvernement a essayé de nouer des liens avec des personnes et des collectivités, tout en offrant des solutions de remplacement aux idéologies extrémistes.

Il y a deux grandes initiatives dans ce domaine. Tout d’abord, la Table ronde transculturelle sur la sécurité permet de réunir des membres de la collectivité et des représentants des pouvoirs publics pour discuter des questions touchant la sécurité nationale à long terme. La table ronde a conclu que le gouvernement devait communiquer avec les communautés qui risquent d’être radicalisées. Elle avait l’habitude de présenter des rapports au gouvernement pour qu’il tienne compte des conclusions dans l’élaboration de ses politiques. Toutefois, rien n’indique pour le moment que le gouvernement a pris en considération les conseils figurant dans ces rapports.

Honorables sénateurs, la table ronde devrait constituer la base d’une action concrète. Il y a quelque temps, j’ai demandé à madame le leader du gouvernement au Sénat où en était la table ronde. Je ne peux rien en dire aujourd’hui parce qu’elle ne m’a pas encore répondu. La table ronde peut jouer un grand rôle dans la sécurité de nos collectivités. On ne devrait pas la laisser devenir un geste symbolique vide qui ne sert qu’à justifier l’inaction du gouvernement.

Deuxièmement, le programme Sensibilisation communautaire à la sécurité nationale, de la GRC, a recours à diverses initiatives pour lutter contre la radicalisation au niveau local. Une grande partie des efforts se concentrent sur les jeunes adultes de 14 à 30 ans. Il y a notamment des exposés en salle de classe, des ateliers, des groupes de réflexion et de la sensibilisation auprès de groupes communautaires locaux.

Toutefois, la GRC elle-même a admis que « les initiatives de déradicalisation doivent être offertes par les communautés touchées plutôt que par la police, les services de sécurité ou tout autre organisme officiel ». C’est ce qu’affirme la GRC. Les programmes doivent être offerts par les communautés touchées elles-mêmes.

Cela ne veut pas dire que le gouvernement n’a pas un rôle à jouer. Au contraire, il doit s’engager auprès des collectivités et leur donner les moyens de lutter indépendamment contre la radicalisation.

Demos, un groupe de réflexion indépendant, a fait remarquer que la stratégie canadienne de lutte contre la radicalisation n’est pas assez clairement ciblée. Nous n’avons pas su faire de distinction entre les personnes violentes et non violentes. Amalgamer les non- violents à la radicalisation menant à la violence, c’est risquer de stigmatiser les collectivités musulmanes. Le travail de prévention directe, notamment lorsqu’il est fait par des services policiers, doit être limité aux personnes qui sont clairement engagées dans une radicalisation menant à la violence. Le travail de prévention indirecte porte sur les facteurs sous-jacents : éducation, formation religieuse et autres facteurs sociaux.

Comme ces initiatives touchent inévitablement des personnes qui ne risquent pas de se radicaliser et d’aller vers la violence, il faut les dissocier d’un programme axé sur la sécurité nationale. Cela aidera à éviter de stigmatiser des groupes.

Je voudrais recommander des politiques pour lutter contre la radicalisation. Il devrait y avoir deux objectifs centraux : la prévention de la radicalisation menant à la violence et le désengagement des personnes radicalisées.

Comme je l’ai souligné, la radicalisation est un problème très complexe qui défie toute catégorisation simpliste. Par conséquent, la prévention sera un énorme défi à relever. Au lieu de dépendre uniquement du travail de police et des services de renseignement, le travail principal doit être fait par les collectivités. Plusieurs ministères doivent aider les collectivités à agir indépendamment contre la radicalisation.

En 2010, la Sanford School of Public Policy a publié une étude intitulée Anti-Terror Lessons of Muslim-Americans. Les auteurs font remarquer que seule une infime minorité de musulmans risquent de se radicaliser et de devenir violents.

Nous pourrions poser la question : pourquoi aussi peu de musulmans ne cèdent-ils pas à une radicalisation qui mène à la violence? La réponse, c’est que les collectivités musulmanes sont déjà résistantes à la radicalisation menant à la violence principalement à cause des dénonciations publiques et privée du terrorisme et de la violence, de l’autosurveillance, des efforts d’édification de la collectivité, de l’engagement politique et des politiques identitaires.

Plusieurs de ces activités sont passées inaperçues, mais elles devraient désormais être le fondement de notre action. Autrement dit, les parlementaires ont beaucoup à apprendre des collectivités en matière de prévention de la radicalisation. Le gouvernement devrait les aider à progresser davantage.

(1710)

Le rapport de la Sandford School of Public Policy recommande les mesures suivantes : encourager la mobilisation politique des musulmans en les faisant participer aux côtés des responsables publics; promouvoir publiquement et référencer les dénonciations de la violence; renforcer l’autosurveillance en améliorant les relations entre les forces de l’ordre et les collectivités musulmanes; soutenir les efforts d’édification de la collectivité au moyen d’installations pour les jeunes et de garderies, de cliniques sanitaires et de formation linguistique; promouvoir la sensibilisation et la collaboration des organismes de services sociaux avec les collectivités, notamment les services de santé et d’éducation; appuyer une meilleure formation religieuse, ce qui renforce l’idée qu’une formation religieuse stricte réduit le risque de radicalisation menant à la violence; intensifier les efforts pour faire respecter les droits civils afin de dissiper la suspicion que bien des musulmans peuvent avoir à l’égard du gouvernement.

Ces mesures devraient être la base de la prévention de la radicalisation menant à la violence. Elles impliquent la participation de divers organismes et ministères participent. L’accent sera mis sur la capacité indépendante des collectivités de contrer la radicalisation.

Voilà qui m’amène à la question suivante : le Canada n’a pas de stratégie de déradicalisation. Comment prévoyons-nous aider les gens à se désengager des idéologies violentes? Nous devons élaborer une politique de réadaptation spécialement conçue pour les personnes radicalisées. Elle viserait à les aider à changer leur attitude à l’égard de la violence et à les détourner du terrorisme.

Les enseignements tirés des programmes d’intervention auprès des gangs sont précieux à cet égard. Ces programmes mettent l’accent sur les facteurs de répulsion et d’attraction. Les premiers sont des incitations négatives qui rendent peu attrayante la poursuite de la participation au terrorisme, comme les poursuites ou la réprobation sociale. Les recherches ont cependant montré que, proposées seules, ces incitations négatives ont un succès limité. C’est souvent à cause du sentiment de fraternité et d’appartenance qu’on se joint à des organisations terroristes.

Par conséquent, les facteurs de répulsion doivent être associés à des facteurs d’attraction, qui sont des incitations positives à adopter un mode de vie différent. Ce sont par exemple de nouveaux modèles, des perspectives d’emploi ou d’éducation prometteuses ou une idéologie non violente qui soit séduisante. Les observations montrent que ces facteurs ont un effet plus durable comme moyen d’assurer la déradicalisation.

La pratique internationale a montré que les programmes de déradicalisation qui mettent l’accent sur des facteurs de répulsion et d’attraction peuvent être fructueux. Des programmes particuliers comprennent souvent un counseling personnel, des services sociaux et un dialogue religieux qui met l’accent sur l’idée que les délinquants ont été amenés par la ruse à croire à une interprétation fausse de l’islam. Une autre interprétation leur est proposée.

Dans certains pays, les familles des délinquants reçoivent la possibilité d’étudier, et on leur offre des soins de santé et une aide financière. Après leur sortie de prison, ceux qui réussissent leur programme de déradicalisation reçoivent une formation en cours d’emploi et des subventions de l’État pour payer une voiture ou un appartement.

Des programmes locaux de déradicalisation au Canada livrent aussi des observations que nous devrions prendre en considération.

À Toronto, la mosquée Masjid-El-Noor a conçu son propre programme de déradicalisation. Le programme offre une démarche en 12 étapes pour les personnes radicalisées, qui reçoivent thérapie et counseling pour contrer l’idéologie djihadiste.

La pratique locale et internationale offre un modèle pour concevoir un programme de déradicalisation à l’intention des délinquants reconnus coupables. Les programmes de réadaptation offerts dans les services correctionnels sont particulièrement importants. Ils atténuent le risque que des groupes terroristes ne se servent de la prison comme moyen de recrutement.

Honorables sénateurs, nous devons faire davantage d’efforts pour nous attaquer à la perspective complexe et effrayante de la radicalisation. Je suis, pour ma part, une musulmane chiite imamite ismaélienne pratiquante. Je suis disciple de Son Altesse l’Aga Khan. Dans ma confession, on nous enseigne que l’islam est une religion de paix. Malheureusement, des gens se servent de ma foi pour blesser et tuer. Comme Canadienne, je me tiens devant vous et vous dis, honorables sénateurs, que nous, parlementaires, avons le devoir de prévenir la radicalisation de nos concitoyens.

Pendant plusieurs années, j’ai travaillé auprès de femmes musulmanes modérées au Moyen-Orient et au Pakistan. J’ai visité le Pakistan et j’ai pu constater ce que le gouvernement du Royaume- Uni et le gouvernement de l’Allemagne ont fait pour prévenir la radicalisation dans ce pays dans le but d’éviter que ce phénomène fasse son apparition sur leur territoire, en l’occurrence en Allemagne et au Royaume-Uni. J’ai travaillé de concert avec des organisations américaines qui tentent de prévenir la radicalisation partout dans le monde.

J’aimerais vous faire part de l’une de mes expériences personnelles. Lorsque j’étais à Peshawar, j’ai travaillé avec une femme nommée Mossaret Qadeem, avec qui je travaille encore d’ailleurs. Mossaret est la femme la plus courageuse que j’ai connue dans ma vie. Elle se rend dans les prisons où se trouvent des gens reconnus coupables d’avoir commis des actes terroristes et elle s’entretient avec eux. Elle va aux États-Unis, où elle donne de la formation aux marines et aux membres des forces armées américaines sur la façon d’interroger des terroristes.

Lorsque je vais à Peshawar avec Mossaret, elle intervient auprès des mères. En effet, elle croit qu’en travaillant avec les mères dans la collectivité, on peut en arriver à contrer le terrorisme.

Le sénateur Segal s’est montré très favorable à mon travail. Je lui ai proposé que nous, sénateurs, examinions comment nous pourrions intervenir auprès des femmes. Mossaret m’a enseigné que, lorsqu’une mère se rend compte qu’un enfant a trop d’armes ou trop d’argent entre les mains, c’est signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Seules les mères peuvent se rendre compte de telles choses.

Or, vers qui les mères peuvent-elles se tourner dans un tel cas? Nous devons établir une organisation à laquelle les mères pourront téléphoner pour signaler que, selon elles, quelque chose ne va pas. Si une mère pouvait avoir la conviction que son fils ne se ferait pas tuer, elle le dénoncerait. C’est ce que mon amie Mossaret Qadeem fait à Peshawar.

Honorables sénateurs, j’affirme devant notre assemblée que nous ne pouvons plus ignorer la radicalisation de nos jeunes. Nous l’ignorons à nos risques et périls. Je demande donc respectueusement aux sénateurs d’amener le Sénat à se pencher sur la radicalisation au Canada et la nécessité d’établir une stratégie nationale qui traite plus proactivement du terrorisme grâce à l’adoption d’une approche communautaire pour prévenir la radicalisation et faciliter la déradicalisation.

Merci beaucoup.

(Sur la motion du sénateur Segal, le débat est ajourné.)