2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 153
Le mardi 16 juin 2015
L’honorable Leo Housakos, Président
Le Sénat
Adoption de la motion portant que le Sénat prenne note de la résolution de l’Association parlementaire Canada-Afrique au sujet des droits des personnes atteintes d’albinisme
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je voudrais, moi aussi, participer au débat sur la motion concernant l’albinisme. J’appuie la motion de la sénatrice Andreychuk. Je la remercie de l’avoir présentée. Je voudrais également profiter de l’occasion pour la remercier d’avoir coprésidé l’Association parlementaire Canada-Afrique pendant si longtemps et pour le travail qu’elle a accompli au sein de l’association. Je tiens également à remercier le sénateur Munson pour le travail qu’il a fait au sein de l’association.
Honorables sénateurs, comme vous le savez je suis une fière Africaine de l’Est. Quand j’allais à l’école en Ouganda, j’ai pu me rendre compte de la honte qu’éprouvaient mes camarades albinos. À l’école, on nous a appris très tôt ce qu’était l’albinisme.
Comme vous le savez, l’albinisme est un problème génétique qui se manifeste par une absence complète ou partielle de pigment dans la peau, le système pileux et les yeux. C’est ordinairement parce que l’organisme est incapable de produire une quantité suffisante de mélanine, produit chimique responsable de la pigmentation.
Honorables sénateurs, nous avons tous entendu les abominables déclarations que nos collègues ont lues la semaine dernière et aujourd’hui. Nous avons tous ressenti de l’indignation et de la peine. Nous avons tous été troublés par les souffrances éprouvées par les personnes atteintes d’albinisme, les enfants albinos, simplement à cause d’un problème génétique.
Les sévices que subissent ces gens sont effroyables. Mes collègues vous ont parlé des défis que doivent affronter les Africains de l’Est à cause de l’albinisme.
L’une des raisons pour lesquelles le problème a évolué aussi rapidement et d’une manière aussi atroce partout en Afrique réside dans le manque de compréhension des causes de l’albinisme. C’est pour cette raison que je demande à chacun d’entre vous de s’engager à participer à la sensibilisation de nos collègues parlementaires d’Afrique de l’Est. Les politiciens de cette région doivent se sentir appuyés dans le travail qu’ils accomplissent sur le terrain. C’est un travail important qui doit être fait immédiatement.
Nous avons tous connu le processus d’évolution des attitudes qui se produit lorsqu’on est sensibilisé à une question particulière. Le VIH-sida est un exemple parfait d’une question difficile à comprendre qu’il a fallu affronter ici et en Afrique. Au début de l’épidémie, les politiciens se sont montrés sceptiques et ont cherché à éluder le problème. Aujourd’hui, même si les choses ne sont pas parfaites, nous comprenons mieux le sida par suite d’efforts de sensibilisation à grande échelle. Cela a permis à davantage de gens de cesser de se cacher pour obtenir les traitements nécessaires. Les victimes du sida ont maintenant accès à plus d’aide et éprouvent, nous l’espérons, moins de honte.
Honorables sénateurs, je vous prie de vous attacher à conscientiser les politiciens de l’Afrique de l’Est.
Nous faisons tous partie d’associations parlementaires, alors je réclame que nous, sénateurs canadiens, contribuions à la conscientisation des parlementaires de manière à les aider à éradiquer la persécution menée à l’endroit des enfants atteints d’albinisme. Pourquoi? Laissez-moi vous raconter une histoire.
En décembre dernier, Sabina Namigambo a raconté l’histoire de son fils à la BBC. Son fils, May, n’avait que 4 ans lorsqu’il a réussi à échapper à une tentative d’enlèvement. Le mari de Sabina était parti pêcher lorsque les ravisseurs ont frappé. Sabina a fui par la fenêtre avec May, mais ils l’ont poursuivie, abandonnant seulement lorsque ses cris ont réveillé les voisins. Pourquoi les ravisseurs voulaient-ils s’en prendre à May? Parce qu’il est atteint d’albinisme et que les sorciers locaux affirment pouvoir fabriquer, avec les parties du corps d’albinos, des potions qui apportent chance et richesse.
Une autre femme atteinte d’albinisme a parlé de ses craintes en disant : « On nous abat comme si nous étions des animaux. Priez pour nous. »
C’est toutefois M. Namigambo qui m’a le plus frappée, lorsqu’il a rapporté ceci :
Le gouvernement a déjà donné des séminaires sur l’albinisme. Ils faisaient toute la différence, sauf qu’il n’y en a plus. Il faut exhorter le gouvernement à en faire davantage pour conscientiser la population.
Honorables sénateurs, les administrations locales ne peuvent pas lancer d’initiatives de conscientisation si elles n’ont pas d’abord été elles-mêmes sensibilisées aux problèmes en cause. Nous avons des ressources, nous connaissons l’information médicale et nous disposons de chaînes de communication avec les parlementaires. Ne restons pas sans rien faire. Contribuons à accroître la sensibilisation vis-à-vis l’albinisme. Mettons un terme à ce carnage insensé. Agissons maintenant en conscientisant nos homologues parlementaires.
J’exhorte le gouvernement du Canada et vous tous ici présents à jouer un rôle primordial en vue de conscientiser les autorités scolaires, surtout en Afrique de l’Est. Sensibilisons la population au fait que l’albinisme est une maladie, et non le fruit de la sorcellerie. Faisons-en un précepte à suivre : l’albinisme est une maladie, et les personnes qui en sont atteintes sont dignes d’être protégées.
Son Honneur la Présidente intérimaire : Les honorables sénateurs sont-ils prêts à se prononcer?
Des voix : Le vote!
Son Honneur la Présidente intérimaire : Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?
(La motion est adoptée.)