Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 39e Législature,
Volume 143, Numéro 92

Le mercredi 2 mai 2007
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

LA DÉFENSE NATIONALE

LE TRAITEMENT DES PRISONNIERS CAPTURÉS EN AFGHANISTAN—LA CRÉDIBILITÉ DU MINISTRE

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat.

Nous pouvons tous affirmer que nous sommes très fiers d’être Canadiens. Je suis très fière d’être Canadienne et, par le passé, j’ai éprouvé cette fierté en raison de l’autorité morale que le Canada a manifestée à l’étranger.

En 1972, les Canadiens ont envoyé des avions en Ouganda pour rescaper des Ougandais des camps qui avaient été établis par Idi Amin. Les Canadiens nous ont sauvés de la torture. Mon mari a subi de grands torts aux mains d’Idi Amin et je parle donc en toute connaissance de cause.

La question que j’adresse au leader du gouvernement au Sénat est la suivante : nous qui n’acceptions la torture nulle part, comment avons-nous pu renoncer à cette norme? Pourquoi ne veillons-nous pas de plus près au traitement des Afghans qui relèvent de notre responsabilité?

Le sénateur LeBreton : Le gouvernement n’a pas renoncé à la norme dont parle l’honorable sénateur. La seule personne à avoir parlé de torture, à ma connaissance, est un député du parti de l’honorable sénateur, et cette personne en est maintenant le chef adjoint : c’est Michael Ignatieff.

Je lisais justement un article fort révélateur du magazine Maclean’s sur cette question. L’article s’intitule « Protect the Taliban? », et je cite :

Les efforts incessants visant à confirmer l’échec de la mission canadienne en Afghanistan se poursuivent.

Il est ensuite question dans l’article de la British Columbia Civil Liberties Association et de ses poursuites devant les tribunaux.

Honorables sénateurs, c’est effectivement ce qui semble être en train de se produire — des « efforts incessants visant à confirmer l’échec de la mission canadienne en Afghanistan » —, alors que nous savons tous que cette mission est difficile.

Comme l’a signalé aujourd’hui le général Hillier, il y a de belles réussites en Afghanistan. Les militaires canadiens, l’ACDI et tous ceux qui travaillent en Afghanistan dans le cadre de la mission de l’OTAN sanctionnée par l’ONU peuvent être très fiers des efforts du Canada sur place. Notre présence a un effet tangible en Afghanistan et nous devrions célébrer les réussites au lieu de débusquer les échecs, comme le signale le magazine Maclean’s.

Le sénateur Jaffer : Je suis attristée. Je connais le parcours de madame le leader du gouvernement et sa grande compassion. Je tiens à dire à ma collègue que je sais ce que c’est que la torture. Ma famille compose tous les jours avec la tragédie de la torture, même 30 ans après les faits.

Je suis attristée de constater que madame le leader du gouvernement n’a pas répondu à ma question, mais j’en ai une autre à lui poser.

Pourquoi n’aboutissons-nous pas à des ententes acceptables comme l’ont fait nos alliés dans ce domaine? Pourquoi ne faisons-nous pas ce que font nos alliés lorsqu’ils détiennent des Afghans?

(1400)

Le sénateur LeBreton : J’ai répondu à la question du sénateur. J’ai déclaré que le gouvernement n’approuve pas la torture. Absolument rien n’a été dit ou fait pour étayer la déclaration du sénateur, mais cela ne réduit en rien la légitimité de ses préoccupations, car elles découlent de son expérience personnelle.

Le Canada fait partie de l’OTAN et participe à une mission de celle-ci en Afghanistan. Cette mission est sanctionnée par l’ONU. Nous apportons donc une contribution concrète en Afghanistan. Il ne s’agit en l’occurrence que d’allégations. Comme le chef du commandement de l’OTAN en Afghanistan l’a affirmé il y a quelques jours, l’organisation elle-même et tous les pays qui en sont membres sont très préoccupés par ces allégations.