Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 40e Législature,
Volume 146, Numéro 24

Le mercredi 1er avril 2009
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

LES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

LES MESURES MISES EN PLACE PAR LE GOUVERNEMENT POUR LA CONDITION DE LA FEMME EN AFGHANISTAN

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : J’apprécie les propos du leader du gouvernement au Sénat, et il est évident que nous sommes tous sur la même longueur d’onde dans ce dossier. Nos soldats, nos jeunes hommes et nos jeunes femmes, n’ont pas été déployés en Afghanistan pour en arriver là. Les Canadiens les ont envoyés là- bas parce que nous étions bouleversés par le sort réservé aux femmes dans ce pays.

Encore une fois, le gouvernement Karzaï tente actuellement de légaliser le viol au sein du mariage, d’interdire aux femmes de consulter un médecin ou de sortir du foyer sans la permission de leur époux et de n’accorder la garde des enfants qu’aux pères ou aux grands-pères.

À l’occasion de la conférence de La Haye, les ministres des Affaires étrangères se sont réunis pour discuter des problèmes de l’Afghanistan. Je crois savoir que la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a rencontré hier le président Karzaï pour discuter de cette loi abusive.

Lawrence Cannon, notre ministre des Affaires étrangères, a-t-il rencontré le président Karzaï? Si c’est le cas, de quelles questions précises a-t-il discuté avec lui? En particulier, permettrons-nous aux Afghanes de s’émanciper en leur fournissant les ressources nécessaires pour lutter contre cette loi?

Le sénateur LeBreton : Je crois que nous sommes tous au courant du point de vue de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton. Le regard de cette dernière sur la photo figurant en première page du Globe and Mail est très éloquent.

Honorables sénateurs, je tiens à réitérer que le gouvernement est très inquiet de la tournure actuelle des événements. L’égalité entre les hommes et les femmes est un important objectif du travail que le Canada accomplit en Afghanistan et constitue une des importantes priorités des programmes qu’il y met en œuvre, surtout en ce qui concerne l’accès aux services de base comme l’éducation et d’autres services gouvernementaux.

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Comme madame le sénateur l’affirme avec raison, les priorités du Canada en Afghanistan, plus particulièrement nos objectifs à Kandahar, consistent à mettre en place des projets pour améliorer la vie des femmes afghanes. C’est la raison pour laquelle nous sommes là-bas, et personne n’oserait contester le fait qu’il s’agit là du principal objectif de notre mission dans ce pays.

Les sénateurs ont entendu M. MacKay, ministre de la Défense nationale, le ministre Day, qui dirige le comité du Cabinet sur l’Afghanistan, et M. Cannon, ministre des Affaires étrangères, citer de nombreux exemples de grandes améliorations, qu’ils ont observées pendant leurs visites en Afghanistan, dans le domaine de l’éducation, de la santé et des possibilités offertes aux femmes. La perspective d’un recul aussi considérable dans ces domaines est très inquiétante.

Je veux assurer à tous les sénateurs que la promotion et la protection des droits de la personne sont au cœur de la mission du Canada en Afghanistan.

Pour ce qui est de la question précise du sénateur, à savoir si le ministre avait eu l’occasion de rencontrer directement le président Karzaï à La Haye, je ne puis le dire avec certitude. Ils étaient à la même réunion, de sorte que je présume qu’ils se sont rencontrés, mais je ne puis l’affirmer avec une certitude absolue. Je vais demander si le ministre a rencontré le président et si on pourrait nous fournir des renseignements sur le contenu de l’échange.

L’honorable Jim Munson : Je remercie madame le leader de ses réponses. Sachant qu’il s’agit d’une question d’ordre intérieur pour un pays souverain comme l’Afghanistan, madame le leader estime-t- elle qu’il est possible pour notre gouvernement de prendre l’initiative d’une demande de déposition de cet individu de la présidence de l’Afghanistan?

Le sénateur LeBreton : Honorables sénateurs, je ne crois pas être en mesure de répondre à cette question pour le moment. Je vais laisser le soin à mes collègues du Cabinet de le faire, plus particulièrement ceux qui travaillent sur cette question, y compris le premier ministre, qui a déjà formulé des commentaires à Londres au sujet de cette évolution inquiétante des événements.

Honorables sénateurs, pour ce qui est de savoir ce que le Canada et nos partenaires de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord pourraient faire à ce sujet, je ne suis pas en mesure de commenter pour le moment.

Le sénateur Jaffer : J’ai demandé au leader si le gouvernement du Canada pouvait envisager d’aider les femmes de l’Afghanistan et de leur offrir des ressources et d’autres formes de soutien pour combattre cette loi, si elle est mise en œuvre.

Le sénateur LeBreton : Comme le savent les sénateurs, des sommes importantes sont déjà prévues pour d’autres projets en Afghanistan, notamment des projets visant les femmes. Je devrai me renseigner à savoir s’il est question de réaffecter ces sommes ou d’affecter de nouvelles ressources financières. Je prends la question du sénateur en délibéré.