Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 95

Le jeudi 21 juin 2012
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La coopération internationale

Les niveaux d’aide au développement

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, j’ai une question à poser au leader du gouvernement au Sénat. Je sais très bien que le Canada doit faire face à de graves difficultés économiques, mais je crois qu’il ne faut pas pour autant oublier en ce moment le sort des moins fortunés et des plus démunis du monde entier.

En 1969, la Commission Pearson a proposé un objectif en matière d’aide publique au développement qui fait aujourd’hui l’unanimité. Cet objectif s’établissait à 0,7 p. 100 du revenu national brut du pays donateur. Le Canada était reconnu comme un chef de file international. Le monde demande au Canada de montrer de nouveau la voie. L’Organisation de coopération et de développement économiques a indiqué mardi que l’aide du Canada avait diminué de 2010 à 2011, passant de 5 p. 100 à tout juste 0,31 p. 100 de notre revenu national brut.

Le Canada n’est pas seul. Presque tous les pays développés ont applaudi l’objectif de 0,7 p. 100, mais cinq seulement l’ont atteint. Le rapport de l’OCDE nous apprend que, étant donné les perspectives économiques du Canada, nous serions en mesure d’accroître notre aide.

Le Canada a toujours été un chef de file international dans ce domaine. Il est en parfaite position pour montrer l’exemple. Son rôle est de montrer assez d’humilité et de caractère pour déclarer que nous devons faire mieux.

Madame le ministre aurait-elle l’obligeance de nous faire part des intentions du Canada pour les prochaines années et, plus précisément, celle qui consistera à augmenter l’aide consentie au développement international, en y consacrant 0,7 p. 100 de son revenu national brut?

L’honorable Marjory LeBreton (leader du gouvernement) : Je remercie le sénateur de sa question. Il va sans dire que le gouvernement a reçu le rapport de l’OCDE. Nous allons étudier attentivement les conclusions et les recommandations qui s’y trouvent.

J’aimerais souligner cependant que, depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le gouvernement s’est engagé à rendre l’aide internationale du Canada plus efficace, mieux ciblée et plus transparente. L’OCDE elle-même a reconnu que nos efforts sont mieux ciblés.

Il y aura toujours place à amélioration, honorables sénateurs, mais il reste que l’évaluation par les pairs a confirmé que les initiatives du Canada — qui consistent à délier son aide au développement et à recentrer ses efforts par pays et par thèmes — ont produit des résultats importants et significatifs. Cette marque de reconnaissance de la part de l’OCDE nous a ravis.

Par exemple, le rapport félicite le Canada pour sa promesse de délier la totalité de son aide d’ici 2013 et pour les progrès accomplis en ce sens, notamment dans le domaine de l’aide alimentaire.

Honorables sénateurs, j’ai déjà dit à plusieurs reprises au Sénat — et le sénateur Jaffer l’a reconnu — que le gouvernement a déjà versé des sommes considérables pour contribuer à la santé maternelle et infantile au Bangladesh, au Mozambique, au Ghana, dans la République démocratique du Congo et au Malawi.

Ces ressources ciblées se sont révélées extrêmement utiles et ont permis de régler de nombreux problèmes à comparer avec l’approche antérieure qui était peu structurée et qui n’a pas vraiment donné de résultats concrets.

Le sénateur Jaffer : Honorables sénateurs, je suis du même avis que madame le leader, et elle sait que, à mon retour au pays après avoir été travaillée à l’étranger, j’ai souvent reconnu le leadership du premier ministre Harper et de son gouvernement, surtout en ce qui concerne la santé maternelle. Mais j’estime qu’il faut faire davantage ce dont personne ne doit se surprendre.

Par conséquent, j’aimerais poser une question complémentaire au leader. Voici la première prémisse : selon l’OCDE, comme les perspectives économiques du Canada sont bonnes, nous pourrions bonifier l’aide accordée pour qu’elle atteigne 0,7 p. 100 du revenu national brut. La seconde prémisse : le Canada souhaite atteindre ses objectifs et contribuer à l’élimination de la pauvreté dans le monde. Il serait donc logique de conclure que le Canada haussera l’aide accordée pour qu’elle atteigne 0,7 p. 100 de son revenu national brut comme le suggère l’OCDE. Si l’on écartait ces prémisses et la conclusion logique qui en découle, on donnerait à penser que les perspectives économiques du Canada ou son engagement à l’égard de l’aide humanitaire ne sont pas à la hauteur de ceux de la Suède, de la Norvège, du Luxembourg, du Danemark et des Pays-Bas, qui ont tous réussi à atteindre cet objectif.

Madame le leader pourrait-elle nous dire quel pourcentage du prochain budget sera consacré à l’aide humanitaire?

Le sénateur LeBreton : Je remercie madame le sénateur de sa question. Je pense que j’en ai parlé dans la première partie de ma réponse. Le gouvernement examinera avec attention toutes les conclusions et les recommandations, sans exception, formulées par l’OCDE dans le cadre de son examen.

Je rappellerai encore, cependant, que l’OCDE a félicité le Canada pour avoir consacré son aide à un moins grand nombre de priorités géographiques et thématiques. Le gouvernement et moi sommes heureux des commentaires de l’OCDE à cet égard.

Cela dit, je tiens à faire remarquer que le gouvernement se réjouit du rapport de l’OCDE et qu’il en étudiera sérieusement les conclusions et les recommandations.