1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 151

Le mardi 16 avril 2013
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La coopération internationale

La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, ma question s’adresse à madame le leader du gouvernement au Sénat.

Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, depuis 1990, la sécheresse a touché plus de 2 milliards de personnes et causé plus de 11 millions de morts. Elle est la cause première de la plupart des problèmes de santé et des décès car elle limite l’accès à l’eau potable et cause ou exacerbe la malnutrition et la famine. Dans les 23 dernières années, la sécheresse est le danger physique qui a affecté le plus la vie humaine.

En mars dernier, 194 pays et l’Union européenne avaient ratifié la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. À l’instar des États-Unis, du Japon, de l’Allemagne, du Royaume- Uni, de la France, de l’Italie et d’autres, le Canada était un chef de file dans le dossier. Il a contribué 290 644 $ au budget de la convention en 2011. Cela représente moins d’un millionième de un pour cent des dépenses annuelles du Canada. Aujourd’hui, le Canada est le seul pays au monde à ne pas avoir signé la convention.

Ma question est la suivante : si le gouvernement décide de quitter une organisation regroupant tous les pays du monde déterminés à régler ce problème important, comment compte-t-il contribuer à l’initiative visant à sauver plus de 2 milliards de vies humaines?

L’honorable Marjory LeBreton (leader du gouvernement) : Honorables sénateurs, c’est un objectif très louable, mais ce n’est malheureusement pas l’objectif de l’organisation. La contribution du Canada est venue financer des rencontres et des séances de discussion et n’a pas contribué à la prestation des services prévus.

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La sénatrice Jaffer : En septembre 2007, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification adoptait un plan stratégique de 10 ans, qui devait être mis en place de 2008 à 2018, afin d’améliorer la mise en œuvre de la convention. Ce plan stratégique vise à rehausser les conditions de vie des populations touchées; à améliorer l’état des écosystèmes touchés; à générer des retombées à l’échelle mondiale grâce à la mise en œuvre efficace de la convention; à mobiliser des ressources pour appuyer la mise en œuvre de la convention par le truchement de partenariats efficaces entre les intervenants nationaux et internationaux.

Si le Canada ne souhaitait plus siéger aux réunions de comité, pourquoi a-t-il cessé de participer à un plan stratégique qui aurait pu entraîner moins de réunions et plus de mesures concrètes?

La sénatrice LeBreton : Je répète que le gouvernement a modifié l’approche du Canada pour ce qui est de l’ACDI en adoptant une nouvelle façon de faire. Nous sommes déterminés à faire en sorte que l’aide apportée par le Canada soit plus efficace.

Comme je l’ai mentionné, nous avions l’impression que l’argent consacré au programme servait davantage à tenir des réunions de bureaucrates qu’à lutter contre la désertification. Le Canada a aidé près de 4 millions de familles de fermiers dans 11 pays d’Afrique à avoir accès à des variétés de graines de fèves dont la valeur nutritive est améliorée et qui résistent à la sécheresse. Ce sont là des mesures concrètes dont bénéficient directement les gens. Le Canada a fait en sorte que plus de 250 millions d’enfants reçoivent des suppléments de vitamine A, et que plus de 30 millions de personnes aient accès à de l’eau potable.

Nous axons nos efforts sur ces programmes, au lieu de payer des bureaucrates des Nations Unies pour assister à des réunions.

La sénatrice Jaffer : Honorables sénateurs, j’ai demandé à la leader pourquoi nous nous retirons juste avant la mise en œuvre du plan stratégique. Elle a parlé de l’aide apportée par le Canada à l’Afrique. L’Afrique est un grand continent aux prises avec un grave problème de désertification. Ce qui me choque vraiment, c’est qu’en participant à la convention, le Canada apprenait des choses utiles pour notre propre pays.

Au Canada, le sud des Prairies et l’intérieur de la Colombie- Britannique, ma province, ont été durement touchés par la sécheresse. L’impact sur l’agriculture, la foresterie, les industries, les municipalités, les loisirs, la santé humaine et les écosystèmes est important, et les scientifiques prédisent que le problème va aller en s’aggravant en raison des changements climatiques.

Pourquoi cessons-nous de participer à un exercice aussi important, qui non seulement améliore la qualité de vie de millions de personnes, mais sauve aussi des vies?

La sénatrice LeBreton : Premièrement, nous avons donné avis de notre intention. Deuxièmement, nous nous sommes engagés à verser ce que nous avons convenu de payer.

Honorables sénateurs, je ne crois pas que le fait de s’asseoir avec un groupe de bureaucrates de l’ONU contribue de quelque façon que ce soit à régler le problème de la sécheresse, peu importe où celui-ci se manifeste. Je viens de mentionner plusieurs exemples qui illustrent comment nos travailleurs collaborent avec divers pays, appliquent des programmes de culture d’aliments nutritifs et fournissent de l’eau potable. Ce n’est certainement pas ce qui se passait avec cette entité bureaucratique. En fait, l’argent versé par le Canada servait essentiellement à envoyer des gens assister à des réunions.