1re Session, 42e Législature,
Volume 150, Numéro 113

Le jeudi 13 avril 2017
L’honorable George J. Furey, Président

L’immigration, les réfugiés et la citoyenneté

Les programmes d’aide aux réfugiés—Le soutien pour traumatismes—Les femmes yézidies

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat.

Monsieur le leader, le gouvernement s’est engagé récemment à aider les femmes et les enfants yézidis vulnérables et d’autres survivants des attaques menées par le groupe État islamique.

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Je suis ravie d’apprendre que le gouvernement a prévu 28 millions de dollars pour accorder l’asile à 800 réfugiés yézidis d’ici la fin de l’année. Je suis particulièrement heureuse de constater que le programme visera à garder les membres des familles ensemble et à offrir des soins pour les traumatismes subis par les réfugiés. J’entends par là que le gouvernement a pris la décision très judicieuse de s’employer non seulement à accueillir les femmes qui ont été victimes d’enlèvement, mais aussi à leur assurer un soutien en accueillant également leur famille. Je salue cette décision.

Monsieur le leader, pouvez-vous nous donner des nouvelles de ce programme et nous donner une idée du nombre de réfugiés yézidis que l’on a accepté d’accueillir au Canada jusqu’à présent?

L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) : Encore une fois, je remercie l’honorable sénatrice de sa question et de son intérêt soutenu pour cette communauté et d’autres communautés qui ont besoin de la protection du Canada et d’autres pays aux vues similaires.

Je suis ravi d’informer le Sénat que plus de 450 personnes sont déjà arrivées au Canada, et nous prévoyons accueillir en tout 1 200 personnes vulnérables, y compris des yézidis et d’autres victimes de Daech, d’ici la fin de l’année.

De plus, le gouvernement du Canada facilite le parrainage privé des réfugiés yézidis. Le gouvernement s’engage non seulement à accueillir ces personnes très vulnérables au Canada, mais aussi à les soutenir pendant la période très éprouvante qui les attend en raison de ce qu’elles ont vécu et de leur situation à leur arrivée au pays. Pour ce faire, le ministère et le gouvernement ont travaillé en étroite collaboration avec les intervenants régionaux afin de garantir que les moyens nécessaires seront déployés, car les honorables sénateurs doivent savoir qu’il y a des besoins particuliers à combler. Il faut notamment tendre la main aux membres de la communauté yézidie en collaborant avec la Canadian Yazidi Association et d’autres intervenants communautaires, qui agiront comme interprètes, bénévoles et aidants. L’échéancier prévu est serré, mais le gouvernement a bon espoir de pouvoir le respecter, car, comme je l’ai souligné, 450 personnes sont déjà arrivées au pays.

Je vais donner une réponse plus longue à cette question car elle est importante pour les Canadiens et ceux-ci ont besoin d’information. Les enjeux logistiques concernant cette communauté sont particulièrement complexes car ces personnes viennent d’une région extrêmement instable. Le gouvernement du Canada est très reconnaissant envers divers gouvernements, en particulier celui de l’Allemagne, qui participent à organiser les efforts pour offrir le meilleur soutien et sélectionner les personnes admissibles au statut de réfugié au Canada. Les circonstances de traumatisme et autres difficultés nécessiteront une intervention spéciale sur le terrain, non seulement au Canada, mais aussi au point d’extraction. J’aimerais mentionner la contribution du Canada dans la région à l’égard des réfugiés de même que les autres formes de soutien que nous offrons pour les personnes déplacées et les populations vulnérables de la région.

Comme le savent les sénateurs, depuis novembre 2015, nous avons accueilli près de 40 000 réfugiés syriens et nous avons également entièrement honoré la promesse de réinstaller 23 000 réfugiés irakiens au plus tard en 2015. Le Canada fournit à l’Irak une aide humanitaire de 150 millions de dollars sur trois ans, ce qui est conforme à la promesse que nous avons faite à la conférence de Washington à la fin de l’année dernière. En outre, il collabore avec des partenaires chevronnés pour fournir une attention particulière à la communauté yézidie travaillant auprès de pays aux vues similaires.

Je signale également que le Canada investit plus de 1,6 milliard de dollars sur trois ans dans la lutte contre Daech et réagit à la crise en Irak et en Syrie afin d’atténuer l’incidence de celle-ci sur la région élargie, notamment au Liban et en Jordanie. Cet investissement comprend une aide humanitaire de 840 millions de dollars, un soutien militaire de 305 millions de dollars, une aide au développement de 270 millions de dollars et une aide à la stabilisation et à la sécurité de 145 millions de dollars.

Il s’agit d’une approche globale très importante car elle ne consiste pas seulement à recevoir des réfugiés, mais également à s’attaquer à la source du problème qui cause le mouvement de réfugiés. Je remercie la sénatrice Jaffer de sa question.

La sénatrice Jaffer : Monsieur le leader, je vous remercie de votre réponse détaillée à cette question puisqu’il s’agit d’une question importante.

La sénatrice Dupuis, la sénatrice McPhedran et moi avons assisté aujourd’hui à un déjeuner, pendant lequel une militante canadienne d’origine irakienne, Yanar Mohammed, a parlé du fait que les femmes yézidies étaient traitées comme des morceaux de viande. Après l’avoir entendue, je tiens à souligner — et vous en avez un peu parlé — que s’il y a un groupe de femmes en particulier qui a besoin d’aide psychologique, sociale et physique, c’est bien celui des femmes yézidies.

J’aimerais partager avec vous une des choses que j’ai apprises aujourd’hui. Elle pourra alimenter vos discussions avec le gouvernement. Les femmes victimes de sévices ont souffert non seulement aux mains de Daech, le groupe État islamique, mais également aux mains de leur famille, car elles sont perçues comme étant des femmes sans honneur. Je vous remercie de votre réponse et nous ne devons pas oublier que ces femmes auront besoin d’aide longtemps.

Le sénateur Harder : Je remercie encore une fois l’honorable sénatrice de sa question et de son enthousiasme pour cette approche globale voulant que l’on s’occupe immédiatement des traumatismes dans la région touchée. Nous devons également veiller à ce que des mécanismes de soutien adéquats soient mis en place ici en collaboration avec la communauté et les associations yézidies.

Les observations de la sénatrice concernant le déjeuner auquel elle a participé sont l’occasion de rappeler à tous les sénateurs les propos tenus par Malala hier. Elle a dit que le Canada était un pays phare pour de nombreuses gens parce qu’il accueille tant de réfugiés : des femmes, des enfants, des familles et, bien entendu, des hommes. C’est un défi que nous relevons avec tous nos partenaires de partout au pays. Nous poursuivrons dans cette direction.