1re Session, 42e Législature,
Volume 150, Numéro 130

Le jeudi 8 juin 2017
L’honorable George J. Furey, Président

Les affaires étrangères

Le rôle international

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, ma question s’adresse aussi au leader du gouvernement au Sénat. Monsieur le leader, je crois que vous êtes la personne la mieux placée pour répondre à cette question, étant donné que nul autre au Canada ne connaît mieux les affaires internationales.

Dans son discours prononcé le 6 juin à la Chambre des communes, la ministre Freeland a affirmé que le Canada doit mener une politique étrangère qui défend la coopération sur plusieurs fronts, notamment en soutenant l’ordre international fondé sur des règles, en investissant dans les forces armées et en renforçant les relations commerciales.

Je remarque que la ministre Freeland a concentré son attention sur nos alliés occidentaux comme l’OTAN, l’Union européenne et nos partenaires de l’ALENA, mais qu’elle a à peine mentionné les deux plus importantes institutions avec lesquelles nous avons toujours travaillé, c’est-à-dire le Commonwealth et la Francophonie. Notre approche a-t-elle changé? La collaboration du Canada avec le Commonwealth et la Francophonie sera-t-elle moins étroite? Quelles sont nos priorités actuelles?

L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) : Je remercie l’honorable sénatrice de sa question.

Les institutions multilatérales que la sénatrice a mentionnées ne forment pas une liste exhaustive; elles ne servent que d’exemples de la participation du gouvernement dans ces organisations. La présence du premier ministre au sommet de la Francophonie à Madagascar l’an dernier témoigne certainement de l’engagement du premier ministre et du gouvernement envers la Francophonie. Le soutien et le dévouement de la nouvelle secrétaire de la Francophonie, la très honorable Michaëlle Jean, sont l’expression de l’engagement du Canada à l’égard du multilatéralisme. La situation est similaire avec les chefs de gouvernement du Commonwealth, et le premier ministre continuera, comme toujours, à collaborer avec eux.

Selon moi, l’énoncé de l’excellente politique étrangère de la ministre décrit la participation canadienne appropriée au sein de ces diverses institutions multilatérales, et sa défense vigoureuse du multilatéralisme se trouve au cœur de la politique étrangère du Canada.

La sénatrice Jaffer : J’ai une question complémentaire. Monsieur le leader, je crois que je connais le discours de la ministre presque par cœur. Je suis profondément déçue car, lorsque le nouveau gouvernement a pris le pouvoir, on nous avait dit que le Canada était de retour. Ce discours ne montrait en rien que le Canada était de retour. Il s’agissait d’un discours sur la collaboration du Canada avec ses alliés occidentaux, l’augmentation des effectifs militaires et le commerce. Je suis convaincue qu’il ne montrait pas le retour du Canada, car vous n’avez même pas mentionné l’Union africaine. Nous travaillons énormément avec cette organisation multilatérale, et pourtant, la ministre n’a pas jugé utile de la mentionner. Le Canada est-il de retour?

Le sénateur Harder : Je remercie l’honorable sénatrice de sa question et de l’intérêt continu qu’elle porte à ces questions de politique étrangère.

J’ai fait une lecture différente du discours et, en guise de réponse, j’aimerais citer un passage dans lequel la ministre analyse les défis auxquels les générations précédentes ont été confrontées et la façon dont ces dernières et le Canada ont fait face à l’évolution de ces menaces.

La ministre a déclaré que l’ordre international mis en place par la génération précédente est confronté à deux grands défis, tous deux sans précédent. Quel est le premier de ces défis? Il s’agit de l’émergence rapide de l’hémisphère Sud et de l’Asie :

[…] et [du] besoin d’intégrer ces pays au régime économique et politique mondial d’une façon additive, qui préserve le meilleur de l’ordre qui régnait avant leur croissance et qui tient compte de la menace existentielle des changements climatiques. Il s’agit d’un problème que les nations ne peuvent pas régler en travaillant seules. Nous devons travailler ensemble.

Je me suis concentrée jusqu’à présent sur le développement de l’ordre international d’après-guerre, un processus mené principalement par les puissances de l’Atlantique : l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest.

Mais nous reconnaissons que l’équilibre global du pouvoir a considérablement changé depuis, et continuera à évoluer au fur et à mesure que de nouvelles nations prospéreront.

Le discours porte ensuite sur le rôle du G20 et et sur de nouveaux modèles de multilatéralisme — qui sont tous les deux mentionnés — et fait expressément allusion aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique et d’Asie, qui sont en plein essor.