1re Session, 42e Législature
Volume 150, Numéro 143

Le jeudi 28 septembre 2017
L’honorable George J. Furey, Président

Les affaires étrangères

Le Myanmar—L’aide aux réfugiés rohingyas

L’honorable Mobina S. B. Jaffer (leader adjointe intérimaire des libéraux au Sénat) : Ma question s’adresse aussi au leader au Sénat.

Monsieur le leader, le Canada est un chef de file dans la prévention des nettoyages ethniques partout dans le monde. Lorsque l’ancienne Yougoslavie a été divisée pour former la Bosnie­Herzégovine, la Serbie et la Croatie, des cas de nettoyage ethnique se sont déclarés dans la région. Le Canada a été parmi les premiers pays à demander que des mesures soient prises. Dès 1991, des membres des Forces armées canadiennes étaient sur place pour contribuer aux efforts de secours et de surveillance avant la plupart des autres pays.

Un an plus tard, lorsque les Nations Unies ont déployé leur force de maintien de la paix, les Canadiens ont surveillé les cessez-le-feu, et apporté de la nourriture et des fournitures aux civils. On reconnaît qu’ils ont sauvé d’innombrables vies dans un conflit qui est considéré aujourd’hui comme l’un des plus sanglants de l’histoire.

Aujourd’hui, le Myanmar connaît sa propre purification ethnique. Selon Radio-Canada, 480 000 Rohingyas ont fui le pays, car les forces de sécurité brûlent leurs villages et tuent les personnes qui ne peuvent pas s’échapper. Toutefois, jusqu’à maintenant, la réaction du Canada est beaucoup moins énergique qu’auparavant. Bien que nous ayons fourni quelques fonds de secours aux réfugiés rohingyas, nous ne jouons pas un rôle actif pour mettre fin à ce conflit sanglant.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons encore une fois devant une situation identique à celle de l’ancienne Yougoslavie, pendant les années 1990. Monsieur le leader, je pense que le Canada doit faire plus que simplement envoyer des fonds et condamner le gouvernement du Myanmar. Ces mesures ne suffiront pas à mettre fin aux problèmes des Rohingyas pour leur permettre de rentrer chez eux.

Monsieur le leader, 20 ans après les événements en Yougoslavie et au Soudan, nous ne sommes pas fidèles à notre tradition de mettre un terme à l’épuration ethnique. Bien que nous ayons déclaré que le Canada est de retour sur la scène mondiale et qu’il est prêt à fournir 600 soldats aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, actuellement, nous manquons à notre devoir au Myanmar.

Je vous demande donc encore une fois ceci, comme je l’ai fait il y a quelques jours : qu’est-ce que le Canada envisage de faire, exactement?

L’honorable Peter Harder (représentant du gouvernement au Sénat) : Encore une fois, je remercie l’honorable sénatrice de sa question et de son intérêt et de sa préoccupation continues relativement à ces questions, surtout la situation des Rohingyas.

Le gouvernement du Canada est très actif dans ce dossier. La sénatrice a mentionné dans sa question l’engagement de 9,18 millions de dollars. De la population rohingya touchée, 70 p. 100 sont des femmes et des enfants, et ces fonds sont affectés au soutien des femmes et des enfants dans les camps. C’est la première partie de l’aide qui sera fournie.

Le gouvernement du Canada est en outre très actif sur la scène diplomatique. La semaine dernière, la ministre des Affaires étrangères et la ministre du Développement international ont pris part à une table ronde organisée lors de l’Assemblée générale des Nations Unies pour discuter de la question.

Aujourd’hui, le Conseil de sécurité de l’ONU tient un débat sur la situation, auquel participent pleinement la mission canadienne et l’ambassadeur, bien que le Canada ne fasse pas partie du conseil. Le gouvernement du Canada collabore avec des pays aux vues similaires par l’intermédiaire de divers organismes internationaux qui coordonnent leurs efforts afin de faire évoluer notablement la situation.

La sénatrice Jaffer : Monsieur le leader, je vous remercie de votre réponse, qui est aussi complète qu’elle peut l’être, étant donné les circonstances. Je remarque que vous insistez sur la collaboration. Je croyais que le Canada était un chef de file. J’ai été envoyée spéciale au Soudan lorsque M. Chrétien et, plus tard, M. Martin ont décidé de jouer un rôle de premier plan dans le dossier du Darfour. Ils ont agi en leaders et non en coopérateurs. Quand ferons-nous enfin preuve de leadership?

Le sénateur Harder : Encore une fois, je remercie la sénatrice de sa question. Je la remercie également de nous rappeler le rôle que le Canada et elle-même ont joué dans d’autres circonstances.

Les pays interviennent différemment selon la situation. Dans le cas qui nous occupe, le Canada continue de jouer, directement et indirectement, un rôle très actif, tout en agissant de concert avec des alliés aux vues similaires.

Le gouvernement déterminera les mesures à mesures à prendre, de façon concertée ou non. Comme le sait l’honorable sénatrice, le premier ministre s’intéresse personnellement à cette affaire et aborde la question en usant de diplomatie privée auprès des plus hauts responsables. En outre, la ministre des Affaires étrangères et la ministre du Développement international ont reçu la tâche de transmettre directement les messages du Canada, de fournir aide et assistance, en plus de travailler avec des pays aux vues similaires afin de s’entendre sur la façon d’exercer ensemble une pression sur les parties concernées.