Au XXIe siècle, nous ne voyons plus la sécurité nationale comme avant.

Les débats sur la sécurité nationale portent de plus en plus sur une nouvelle vulnérabilité du Canada : notre dépendance à certains aspects de la vie de tous les jours.

Par exemple, nous nous attendons à ne jamais manquer d’électricité pour nos appareils ménagers et nos habitations, nous avons besoin de systèmes de télécommunications pour envoyer des courriels et faire des appels téléphoniques, et nous nous fions aux hôpitaux pour obtenir des soins quand nous sommes malades ou blessés.

Nous assumons que toutes ces choses demeurent à notre disposition, car nous supposons que les infrastructures essentielles du Canada (les actifs et les services essentiels à la santé, à la protection, à la sécurité et au bien‑être économique des Canadiens) ne cesseront jamais de fonctionner.

L’histoire nous montre cependant que les infrastructures essentielles peuvent flancher. Par exemple, quand un satellite Anik F2 est tombé en panne en 2011, le Nunavut a perdu l’accès aux télécommunications et s’est retrouvé paralysé.

Il a fallu attendre toute une journée avant que les systèmes soient rétablis. Pendant ce temps, les avions ont été cloués au sol, les communications ont été impossibles et des gens sont restés coincés sur place, n’ayant aucun moyen de quitter le territoire.

Même si elle était accidentelle, la panne du satellite Anik F2 a révélé un problème beaucoup plus préoccupant : un ennemi pourrait infliger des dommages considérables au Canada en ciblant nos infrastructures essentielles.

Les télécommunications, l’Internet, les réseaux électriques, les banques, les transports et même l’alimentation sont quelques exemples de secteurs importants qui dépendent des infrastructures essentielles.

La perte de l’un de ces secteurs pourrait très bien entraîner des pertes de vie et des défaillances graves qui mettraient en péril la sécurité des Canadiens. C’est pourquoi nous devons assurer leur protection.

Il y a dix catégories d’infrastructures essentielles à protéger : les services de santé, l’alimentation, la finance, l’eau, la technologie de l’information et des communications, la sécurité, l’énergie, la fabrication, le gouvernement et les transports.

Chacune de ces catégories a ses particularités et exige une stratégie de défense adaptée. C’est d’autant plus important que les catégories dépendent les unes des autres. Si une seule flanche, les autres ne manqueront pas de suivre; par exemple, si nos réseaux électriques tombaient en panne, l’équipement utilisé dans d’autres catégories d’infrastructures essentielles deviendrait inopérant.

Vu la gravité des dommages que provoquerait une défaillance des infrastructures essentielles, je n’arrive pas à comprendre pourquoi le programme canadien le plus important en la matière, le Plan d’action sur les infrastructures essentielles, prend fin cette année.

Grâce au plan d’action, des mesures déterminantes ont été prises pour rendre les infrastructures essentielles de chaque catégorie plus résilientes contre les attaques ou les défaillances. Ce qui manque toutefois au plan, c’est un système d’examen efficace qui permettrait au Canada de continuer à protéger ses infrastructures essentielles en tablant sur les progrès de la technologie.

Il faut en faire plus. Nous ne pouvons pas nous contenter de renforcer les protections une seule fois. Le Canada a besoin d’un plan d’avenir grâce auquel la sécurité de nos infrastructures essentielles sera toujours considérée comme une priorité et recevra toute l’attention qu’elle mérite.

Si nous n’adoptons pas un plan du genre, nous risquons d’être mal préparés dans le cas d’un autre incident comme la panne du satellite Anik F2.

Dans mon article suivant, j’explique plus longuement comment la cyberdéfense est en voie de devenir bientôt la principale menace pour les infrastructures essentielles du Canada, et ce qui pourrait arriver si nous ne sommes pas prêts à réagir à une cyberattaque.