Pour les femmes en politique Canadienne, l’année 2018 a été marquée par le mouvement #Moiaussi et la dénonciation de harceleurs aux plus hauts échelons.

Pendant la dernière semaine de janvier, deux dirigeants provinciaux et le ministre des Sports et des Personnes handicapées ont tous démissionné de leurs fonctions en raison d’allégations d’inconduite sexuelle. Depuis, un plus grand nombre de femmes qui oeuvrent dans la politique canadienne se sentent prêtes à dénoncer leurs harceleurs plus que jamais auparavant!

Par conséquent, de nombreuses personnes ont commencé à croire que le Canada a atteint le point critique et que les choses changeront forcément.  À titre d’exemple, des articles de CTV, du Toronto Star, du Calgary Herald et même du New York Times ont commencé à saluer une nouvelle ère dans la politique canadienne.

Malheureusement, je crois qu’il est trop tôt pour célébrer.

Malgré ces victoires, l’inconduite sexuelle est encore endémique. Selon un sondage mené par la Presse canadienne auprès des femmes députées, 58 % d’entre elles ont été la cible de harcèlement sexuel ou d’agression sexuelle dans l’exercice de leurs fonctions.

La situation n’est pas plus reluisante pour les membres du personnel politique. Il ne manque pas d’histoires de membres du personnel qui ont souffert de dépression nerveuse, qui ont été obligés de démissionner ou qui ont dû obtenir de l’aide parce qu’ils avaient des pensées suicidaires à cause du harcèlement sexuel dont ils étaient victimes.

Pire encore, ces victimes se sentent souvent incapables de dénoncer ces actes. Lorsque 65 membres du personnel politique qui ont été sexuellement harcelés ou agressés ont été interrogés, seulement six d’entre eux ont déclaré avoir signalé l’incident.

Si c’est toujours le cas à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas prétendre que quoi que ce soit a changé. Nous devons faire mieux, ou alors nous nous retrouverons avec des cas comme celui d’Areezo Najibzadeh.

Lorsqu’Areezo avait 19 ans, elle a fait du bénévolat auprès de deux députés pour acquérir de l’expérience au Parlement et entamer sa carrière politique. Malheureusement, c’est loin d’être l’expérience qu’elle a connue.

Areezo a été la cible de commentaires vulgaires à caractère sexuel, d’agressions sexuelles et de remarques sexistes de façon fréquente tout au long de son passage sur la Colline. Lorsqu’elle s’est plainte, ses superviseurs lui ont simplement dit de prendre quelques jours de congé puis de retourner au travail.

Un jour, Areezo a été victime d’un acte particulièrement grave d’agression sexuelle où un membre du personnel important est arrivé derrière elle, l’a mordue et a essayé de la forcer à l’embrasser avant qu’elle puisse s’échapper.

Malgré la gravité de l’incident, Areezo ne l’a pas signalé. Après tout, ses supérieurs ne l’ont pas pris au sérieux auparavant et elles savaient qu’elles ne pouvaient pas compter sur eux.

Areezo a donc pris la même décision que d’innombrables autres femmes prennent : elle a quitté la politique.

Ce genre d’histoire est inacceptable. Nous devons trouver les causes de ce type d’inconduite sexuelle et s’y attaquer.

C’est ce que cette série de messages fera. Au cours des prochaines semaines, j’examinerai pourquoi l’inconduite sexuelle est devenue si répandue dans la politique canadienne et je proposerai quelques explications.

Veuillez prendre connaissance du blogue de la semaine prochaine, où j’examinerai de près la façon dont la culture de la politique canadienne a permis à d’innombrables harceleurs de passer à l’acte!