En ces temps de confinement, où nous tenons pour acquis le confort et la sécurité que nous procurent nos foyers, la situation nous rappelle que certaines personnes n’ont pas cette chance. En effet, bon nombre d’hommes et de femmes souffrent de ce confinement, mais j’aimerais m’attarder ici au sort des femmes victimes de violence familiale.

De nombreuses femmes sont confinées à l’endroit le plus dangereux pour elles : leur propre maison. En plus de jongler entre leur travail, les soins aux enfants, l’école à la maison et les tâches ménagères, elles doivent faire face à un conjoint violent.

« C’est la pire situation qu’une femme victime de violence puisse vivre. Le confinement ajoute à l’enfer de l’isolement qu’elles subissent déjà »,

souligne la directrice de l’organisme Battered Women’s Support Services de Vancouver, Angela Marie MacDougall. Cette situation est terrible.

« Le jour où il a perdu son emploi a été, pour moi et mes enfants, la pire journée de notre vie. Il m’a rouée de coups, puis il s’en est pris aux enfants. C’est à ce moment que j’ai demandé de l’aide. Le refuge pour femmes nous a sauvé la vie et m’a donné le courage de refaire notre vie. »

Ce sont les paroles d’une survivante ayant échappé à un milieu familial violent, mais c’était avant le confinement. J’ai peine à imaginer l’enfer que doit subir une femme et ses enfants aux prises avec un partenaire violent, sans possibilité de fuir ou de trouver refuge.

Un rapport publié en 2019 par Hébergement femmes Canada indique que tous les jours, les refuges doivent refuser 379 femmes et 215 enfants en raison d’un manque de places. Selon le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, une femme est assassinée par son conjoint tous les six jours au Canada. Statistique Canada en rajoute : en 2018, le nombre de tentatives de meurtre à l’endroit d’un conjoint équivalait à une tous les cinq jours, et plus de 155 000 cas de violence conjugale ont été signalés à la police. Toutefois, tous ces chiffres datent d’avant le confinement.

Selon les études, l’insécurité d’emploi et la vulnérabilité économique augmentent les situations de violence envers les femmes. À cela s’ajoutent le stress causé par la quarantaine et la crainte de mourir ou de tomber malade en raison de la COVID19, ce qui augmente le nombre de personnes en situation de vulnérabilité.

« Dès les premiers appels au confinement, nous avons tout de suite vu le nombre de demandes dans les refuges augmenter »,

affirme la directrice de l’Ontario Association of Interval and Transitional Houses, Marlene Ham.

Le gouvernement fédéral a prévu 50 millions de dollars pour les refuges et les centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle qui ont de la difficulté à offrir leurs services de soutien en raison de la pandémie de la COVID-19. Je crois que c’est un geste immense pour aider les femmes à fuir un environnement violent en cette période difficile.

Toutefois, les mesures prises par le gouvernement sont insuffisantes; la communauté a également une énorme responsabilité à cet égard. En raison de la quarantaine, bon nombre de femmes n’ont pas la liberté de communiquer ou de fuir. En effet, elles sont nombreuses à ne pas pouvoir utiliser le téléphone sans la présence de leur conjoint ni sortir de chez elles. La communauté est leur unique espoir.

Je vous demande à tous de communiquer avec vos amis, votre famille et vos voisins, par téléphone et par courriel. Demandez à ceux que vous savez dans une situation vulnérable ou dont vous connaissez le contexte familial tumultueux s’ils vont bien et s’ils se sentent en sécurité, ou s’ils ont besoin d’aide. Faites de même avec vos voisins, si vous pensez qu’ils ont besoin d’aide. Ces petits gestes peuvent sauver des vies.