Ma mère m’a inculqué bien des valeurs. C’est ce que font les mères.
Ma mère m’a fait voir l’importance de l’éducation. Elle a été la première femme à faire de hautes études à Nairobi, au Kenya, ce qui lui a permis d’enseigner les mathématiques. C’est très émouvant pour moi quand je visite des mosquées ismaéliennes à l’étranger et que les gens me parlent avec beaucoup d’amour de la grande et patiente enseignante qu’était ma mère.
Ma mère m’a fait voir l’importance du bénévolat. Lorsqu’elle s’est mariée à mon père, Sherali Bandali Jaffer, elle a dû quitter Nairobi pour s’établir à Kampala, en Ouganda. Cela n’a pas été facile pour elle, mais jamais je ne l’ai entendue s’en plaindre. Elle était toujours prête à aider; elle a d’ailleurs formé une troupe guide et accompagné en camping des jeunes filles qui n’étaient jamais même sorties de chez elles. Pour elle, le bénévolat était une excellente façon de s’enraciner dans une nouvelle ville. C’est pourquoi je me suis impliquée auprès de différents groupes bénévoles dès mon arrivée au Canada.
Ma mère m’a fait voir l’importance de la compassion. Elle nous a toujours encouragés, mes frères et sœurs et moi, à tendre la main aux plus vulnérables. Ma mère accueillait chez nous des filles enceintes célibataires et tâchait de trouver un bon foyer pour l’enfant. C’est un souvenir indélébile de mon enfance. Elle a négocié une entente avec USAID pour obtenir du lait en poudre. Trois fois par semaine, sur l’heure du midi, une foule de personnes attendaient en file autour de la maison pour avoir du lait.
Ma mère m’a par-dessus tout fait voir le pouvoir de la prière. Elle n’a jamais cessé de nous enseigner le pouvoir de la prière. Encore aujourd’hui, chaque fois que mes sœurs et moi avons des craintes ou des inquiétudes, nous savons exactement quoi faire : nous suivons l’enseignement de notre mère et nous prions. Mes deux parents nous ont appris à respecter toutes les religions. Ils nous emmenaient dans des mosquées, des gurdwaras, des temples hindous et des temples bahá’ís. Ils nous expliquaient que les gens adoptent différentes religions parce que nous sommes tous différents, mais nous nous en remettons tous à une puissance supérieure. Ils nous ont inculqué la soif d’apprendre sur toutes les religions.
Ma mère m’a fait voir l’importance de la famille. Ma mère a toujours su préserver l’unité de ses six enfants et de ses 13 petits-enfants et arrière-petits-enfants. Tous les dimanches, ma famille se réunissait chez mes parents pour un repas des plus somptueux, que ma mère préparait toujours avec soin. Elle nous a enseigné la valeur de la famille et aujourd’hui, nous bénéficions tous de l’amour et de l’attention que nous nous portons les uns aux autres. Pendant la pandémie de COVID-19, tous les membres de ma famille, éparpillés aux quatre coins du monde, se donnent rendez-vous par Zoom chaque samedi. De cette façon, même si la distance nous sépare, nous sommes là pour nous soutenir émotionnellement.
Ma mère m’a fait voir le pouvoir de l’amour et du don de soi. Quand nous sommes arrivés au Canada comme réfugiés, ma mère a immédiatement pu faire approuver ses titres de compétence comme travailleuse sociale. J’ai dû me soumettre à plusieurs examens pour être reconnue comme avocate au Canada. Le jour même où elle a obtenu son accréditation en travail social, elle m’a dit : « Je vais prendre soin d’Azool (mon fils). Va bâtir ta carrière. »
Ma mère nous a tant appris. Nous récoltons aujourd’hui les fruits de son enseignement maternel et surtout, nous continuons de ressentir son amour.