« Ces dames refusaient-elles mon concours parce que mon sang courait sous une peau un peu plus brune que la leur? Des larmes inondaient mes joues pendant que je parcourais les rues, qui se dépeuplaient rapidement; des larmes de chagrin de ce qu’on paraissait douter des motifs qui me poussaient à partir, et de ce que cette occasion de me rendre utile m’était refusée. »

– Mary Seacole

Only known photograph of Mary Seacole (1805-1881), taken c.1873 by Maull & Company in London by an unknown photographer

Femme mulâtre, Mary Seacole est née en 1805 d’une mère jamaïcaine et d’un père écossais. Son père, James Grant, était officier dans l’armée. Sa mère était guérisseuse. Les guérisseurs connaissaient bien les maladies tropicales; ils appliquaient un savoir-faire de praticien pour traiter les blessures et les maladies comme le choléra, la dysenterie et la fièvre jaune, ainsi que d’autres affections mineures.

Mary Seacole a grandi en regardant travailler sa mère et souhaitait devenir comme elle. Avant longtemps, elle est elle aussi devenue une habile infirmière et guérisseuse. Elle appliquait son savoir‑faire aux patients dans son pays et dans les pays qu’elle visitait; quand elle était à l’étranger, elle en profitait pour apprendre de nouvelles techniques auprès des guérisseurs qu’elle rencontrait.

Quand Mary entend parler de la guerre en Crimée, elle se rend à Londres et se porte volontaire pour faire partie du personnel infirmier de première ligne, étant donné que les maladies les plus répandues là-bas sont le choléra, la diarrhée et la dysenterie, des maladies tropicales qu’elle avait toutes déjà traitées. Malheureusement, partout où elle présente sa candidature, on la regarde de haut et on la refuse en raison de la couleur de sa peau. Mais, déterminée, elle décide de payer son voyage en Crimée elle-même.

Mme Seacole décide de s’installer à un peu plus de 3 kilomètres derrière la ligne de front. Elle bâtit un modeste immeuble avec du bois, du fer et des morceaux de ferraille qu’elle trouve. Elle l’appelle l’hôtel British. L’hôtel est bien pourvu en provisions et, malgré quelques vols, elle arrive à vendre sa marchandise à prix fort aux officiers supérieurs, pour ensuite soigner gratuitement les soldats. Mary Seacole est aimée et vénérée par les soldats. Ils l’appellent mère Seacole. Son hôtel est pour eux une demeure, où, pour un bref instant, ils oublient les misères de la guerre. Là, ils peuvent être eux-mêmes. Après la guerre, beaucoup retournent à Londres, dans la pauvreté.

À une époque où les gens étaient définis selon la couleur de leur peau et leur sexe, Mary Seacole a fait son chemin comme si le racisme n’existait pas. Fière mulâtre, elle aimait les deux côtés de son ascendance. Elle ne voulait pas être cataloguée ou étiquetée. Elle a vaincu les obstacles parce qu’elle ne voyait pas les obstacles. Comme elle l’a dit dans son livre « Les aventures extraordinaires de Mrs. Seacole dans de nombreux pays », elle était endurcie, mais, à l’intérieur, elle devait faire un effort pour calmer la douleur du racisme. Elle avait une vision positive de la vie et elle a montré son dévouement sans borne en adoptant les soldats comme s’ils étaient ses propres enfants. Quand ils étaient blessés, elle les soignait et en prenait soin jusqu’à ce qu’ils se rétablissent; elle les réconfortait comme une mère l’aurait fait. Elle les entourait d’amour, de soins et de dévouement. Elle allait à cheval sur le champ de bataille pour prendre soin des blessés. Et, quand elle ne pouvait les sauver, elle les pleurait comme elle aurait pleuré un proche. Mary Seacole était un ange.

Si Florence Nightingale nous a donné les soins infirmiers modernes, Mary Seacole nous a montré comment les prodiguer avec compassion et dévouement. Nous remercions et saluons tout le personnel infirmier. Votre dévouement est exceptionnel.