Récemment, en compagnie d’un défenseur des droits des prisonniers de longue date et de mon amie, la sénatrice Kim Pate, et d’un membre de mon équipe, Madison Pate-Green, j’ai eu le grand honneur et le privilège de visiter l’Établissement William Head une prison pour hommes à sécurité minimale située en périphérie de Victoria.
Lorsque je suis arrivée à la prison, j’ai trouvé qu’elle était très différente de ce que j’avais imaginé. Il y avait très peu de murs et de clôtures en fil barbelé, et je n’ai pas vu beaucoup de gardiens en uniforme. J’y ai plutôt vu de petits lotissements de maisons, dans lesquelles les hommes font eux-mêmes la cuisine et le ménage, et un grand pavillon autochtone en bois, où nous avons rencontré le personnel de la prison et les hommes qui y vivent.
J’ai été agréablement surprise que le personnel ait pris le temps de répondre à nos questions de manière ouverte et sincère. L’une des réponses données par un membre du personnel m’a particulièrement marquée. Selon lui, si l’Établissement William Head réussit si bien à prévenir la violence et à aider les détenus, c’est parce qu’on n’y utilise pas les instruments carcéraux traditionnels que sont les armes, les murs et la violence pour les contrôler.
Le personnel a plutôt souligné l’importance d’écouter réellement les hommes incarcérés et de faire de son mieux pour les aider. Par exemple, le personnel avait imprimé des copies de l’étude sénatoriale sur les droits de la personne en prison afin que les hommes puissent se préparer en vue de leur rencontre avec les sénateurs.
J’ai été vraiment touchée de voir que les hommes avaient lu le rapport en entier et qu’ils avaient d’autres mesures à nous suggérer pour que nous continuions à améliorer les droits des personnes incarcérées.
Tout au long de cette visite, je me suis fait la réflexion que la prison de William Head était très différente de ce que j’avais imaginé.
Même si certains des hommes emprisonnés ne seront peut-être jamais libérés, ils font tout en leur pouvoir pour s’améliorer et montrer qu’ils méritent une seconde chance.
La plupart d’entre nous croient qu’une personne condamnée à la prison à vie restera emprisonnée pendant dix, voire quinze ans tout au plus.
Dans cet établissement à sécurité minimale, j’ai discuté avec des hommes qui étaient incarcérés depuis plus de 30 ans. Malheureusement, même si ces hommes ont réussi à être transférés dans un milieu à sécurité minimale, beaucoup d’entre eux ne se préparent pas à être libérés et à réintégrer la société. Ils resteront probablement dans cette prison jusqu’à la fin de leurs jours.
Ce constat nous a rappelé qu’il n’existe pas de prison parfaite. Les hommes nous ont parlé d’un manque criant de services de santé mentale, d’un manque de ressources visant la guérison des traumatismes ainsi que de services inadéquats en matière de traitement des dépendances. Or, lorsqu’une personne n’a pas accès aux programmes et aux services dont elle a besoin, il lui est extrêmement difficile de surmonter les problèmes qui ont conduit à son emprisonnement.
Je suis convaincue que les prisons sont censées préparer les détenus en vue de leur libération. Cependant, comme l’a dit l’un des hommes à qui nous avons parlé :
« les services correctionnels renvoient des personnes brisées dans la collectivité »
Cela dit, en dépit des nombreuses difficultés évoquées, nous avons aussi discuté avec un homme qui est emprisonné depuis l’âge de 19 ans et qui, avec le soutien de l’Université de Victoria, a récemment obtenu un doctorat et envisage de poursuivre ses études. Cela démontre bien que, quelles que soient les circonstances, chacun peut accomplir des choses extraordinaires s’il est bien soutenu.