L’Établissement de la vallée du Fraser était très différent de l’Établissement William Head. Cette prison fédérale pour femmes accueille des détenues de tous les niveaux de sécurité, c’est-à-dire des détenues dont la cote de sécurité est minimale, moyenne ou maximale.

J’étais accompagnée par la sénatrice Kim Pate, son collaboratrice Emily Grant, son ancienne collaboratrice Fregine Sheehy et ma collaboratrice, Madison Pate-Green.

Cette visite m’a vraiment rappelé à quel point la vie en prison peut être dure, en particulier pour les femmes.

Les femmes en sécurité minimale vivent dans des unités de style résidentiel, tout comme les détenues dites « à sécurité moyenne ». Quant aux femmes en sécurité maximale, elles se trouvent dans une section beaucoup plus contrôlée. Toutes les unités sont équipées de caméras qui sont constamment sous la surveillance des gardiens.

Nous avons d’abord rencontré le personnel dans la salle de sport de la prison. On nous a alors indiqué que 61 % de toutes les détenues et 89 % de celles placées en sécurité maximale sont des femmes autochtones. Cela illustre une fois de plus la surreprésentation des Autochtones, et tout spécialement des femmes, dans les prisons canadiennes.

Le personnel nous a également dit qu’il était fier de la façon dont il avait géré la pandémie de COVID et nous a assuré que la situation des femmes avait très peu changé malgré la crise sanitaire.

Cependant, lorsque nous avons parlé aux prisonnières, elles ont toutes exprimé de sérieuses préoccupations, notamment par rapport au fait que les salaires des détenues n’ont pas augmenté en 40 ans, une injustice qu’elles dénoncent.

À l’exception de quelques vêtements et de leurs aliments de base, les prisonnières sont obligées d’acheter tous leurs produits par catalogue, auprès d’un seul et unique fournisseur; or, ces produits peuvent coûter jusqu’à quatre fois plus cher que ceux que vous et moi trouverions sur le marché. Des femmes ont donné quelques exemples, comme un téléviseur à 80 $ qui est vendu 300 $, des chaussettes à 5 $ qui coûtent 20 $ et des shorts à 13 $ vendus 50 $.

J’ai été particulièrement découragée d’entendre parler du peu de possibilités de formation offertes. Pour une détenue, la seule véritable option est d’obtenir un certificat d’équivalence d’études secondaires ou un diplôme d’éducation générale, qui n’est en fait qu’un diplôme d’études secondaires qu’elle doit payer de sa poche. Si une femme veut améliorer ses anciennes notes ou même aller à l’université, il lui est pratiquement impossible de le faire. De plus, pendant la pandémie, presque aucun programme n’a été offert.

Je crois sincèrement qu’au Canada, nous n’en faisons pas assez pour préparer les détenus à leur libération dans la collectivité. Si nous ne donnons pas aux gens – surtout aux femmes, qui sont des mères, des filles, des tantes et des grands-mères – une chance d’apprendre et de grandir, comment pouvons-nous nous attendre à ce qu’ils sortent de prison prêts à réintégrer la société?

Nous devons en faire davantage pour soutenir les détenus pendant leur incarcération. Comme mon ancien associé, l’honorable Thomas Dohm, avait l’habitude de me dire : lorsque des détenus vont en prison, on ne jette pas la clé, car tôt ou tard, la plupart d’entre eux seront libérés.

La question qui me taraude est la suivante : prenons-nous réellement des mesures concrètes pour préparer la réinsertion sociale des prisonniers?