Débats du Sénat (hansard)

2e Session, 40e Législature,
Volume 146, Numéro 17

Le mardi 10 mars 2009
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, je sais que nous pensons tous aux diverses injustices ou discriminations dont les femmes sont victimes dans le monde d’aujourd’hui, tant chez nous qu’à l’étranger. La résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies réaffirme l’importance du rôle de la femme dans la prévention et la résolution de conflits, les négociations de paix, le maintien de la paix et l’aide humanitaire et souligne l’importance de la participation égale des femmes dans toutes les initiatives visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité. La résolution 1325 demande à toutes les parties en conflit de prendre des mesures spéciales pour protéger les femmes et les filles contre la violence sexospécifique, particulièrement le viol et d’autres formes de violence sexuelle, dans des situations de conflits armés. Cette résolution explique que ce sont les civils, surtout les femmes et les enfants, qui subissent la grande majorité des répercussions adverses des conflits armés.

Honorables sénateurs, on pourrait parler de nombreux conflits, mais depuis que j’ai entendu, au cours du week-end, qu’on a forcé les soldats de maintien de la paix, les diplomates et les travailleurs humanitaires de l’étranger à quitter le Soudan, surtout le Darfour, j’ai vraiment senti que vous et moi — surtout moi — avions laissé tombé les femmes du Darfour.

Un jour, alors que je me trouvais au Darfour, j’étais assise avec des femmes dans un camp. Soudainement, j’ai entendu un bruit très fort. Nous nous sommes toutes retournées et avons vu beaucoup de jeunes filles courir vers nous en criant.

Par l’intermédiaire d’une interprète, j’ai appris qu’une de leurs amies, une fillette âgée de 11 ans nommée Fatima, avait été enlevée et qu’elles l’entendaient crier. Fatima était en train de se faire violer par cinq miliciens.

Avec l’aide de travailleurs humanitaires et de soldats de l’Union africaine, nous l’avons retrouvée. Elle avait été brutalisée. Ses yeux étaient fermés par l’enflure, son nez et sa bouche saignaient et on lui avait cassé les bras et les jambes. Je suis incapable de vous décrire le reste.

Les travailleurs humanitaires qui étaient encore au camp et qui tentaient d’aider les parents de Fatima et d’autres familles ont aidé Fatima. Plusieurs mois plus tard, lorsque je suis retournée à ce camp, grâce à l’aide de travailleurs humanitaires, j’ai revu Fatima. J’ai vu cette fillette commencer lentement à guérir physiquement.

Honorables sénateurs, le week-end dernier, 2 000 travailleurs humanitaires avaient quitté ces camps. À l’occasion de la Journée internationale de la femme, renouvelons notre détermination, recentrons nos efforts et nos ressources de manière à aider ces travailleurs humanitaires à reprendre leur travail.

La réalité, c’est que d’autres Fatima dans ce camp ont besoin de notre aide. Nous devons cela à Fatima et à toutes les autres fillettes qui sont dans la même situation. Notre humanité nous lie à ces fillettes, qui sont les nôtres, en somme.