Débats du Sénat (hansard)

1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 6

Le mardi 14 juin 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président

La persécution des baha’is en Iran

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour vous parler de la persécution de longue date des baha’is en Iran. Au cours des 17 derniers mois, le respect des droits des baha’is n’a cessé de reculer. Bien que je n’aie pas le temps de décrire toutes les violations des droits de la personne commises par le gouvernement iranien, je vous fais part de quelques faits nouveaux particulièrement troublants.

Les sénateurs se rappellent sans doute que, la dernière fois que je me suis adressée au Sénat à ce sujet, les sept baha’is qui avaient siégé à un comité spécial veillant aux besoins spirituels et sociaux de la communauté baha’ie étaient détenus, depuis 18 mois, à la prison d’Evin, sans que des accusations aient été portées contre eux, sans aucun recours et dans des conditions insupportables.

En juin 2010, ces personnes innocentes ont été condamnées à 20 ans d’emprisonnement, en dépit de l’insistance de leur avocate lauréate du prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, selon laquelle il n’y avait pas l’ombre d’une preuve étayant les accusations portées contre eux.

Le 14 mai 2011, les sept ont entamé leur quatrième année d’emprisonnement. La communauté baha’ie reste privée de ses dirigeants, des membres de leur famille — dont certains sont au Canada — et de leurs proches.

Le 21 mai 2011, les autorités iraniennes ont effectué une série de descentes coordonnées dans 30 maisons de baha’is, ont confisqué des ordinateurs et des documents et ont arrêté les 16 baha’is les plus proches de l’organisation du Baha’i Institute of Higher Education. Cet établissement a été fondé en 1987 par la communauté baha’ie d’Iran pour répondre aux besoins des jeunes baha’is à qui le droit de fréquenter les universités iraniennes est refusé en raison de leur foi.

En tant que Canadiens, nous devrions être fiers que des universités canadiennes de renom admettent des diplômés de l’institut baha’i aux programmes d’études supérieurs dans lesquels ils excellent. Nous pouvons cependant déplorer que l’Iran refuse de reconnaître les diplômes canadiens de ces gens lorsqu’ils retournent dans leur pays.

L’arrestation et l’incarcération arbitraires de baha’is simplement à cause de leur foi constitue une troisième composante de la persécution dont ils sont victimes qui s’est, lui aussi, intensifié. En août 2004, quatre baha’is étaient incarcérés en Iran. Six ans plus tard, soit en août 2010, 308 baha’is avaient été arrêtés, et 38 étaient en prison. Au cours des neuf derniers mois, le nombre d’arrestations a atteint 416, et 97 baha’is croupissent encore dans les geôles iraniennes.

(1430)

Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais de la politique officielle de l’Iran, qui vise ni plus ni moins à éradiquer la communauté baha’ie.

Honorables sénateurs, le gouvernement a fait de la liberté de religion un élément central de sa politique étrangère. La persécution continuelle des baha’is d’Iran en illustre toute la nécessité, et c’est avec respect que je prie le gouvernement de venir en aide sans tarder aux baha’is d’Iran.