Débats du Sénat (hansard)
1re Session, 41e Législature,
Volume 148, Numéro 36
Le jeudi 1er décembre 2011
L’honorable Noël A. Kinsella, Président
Les baha’is en Iran
L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Je prends la parole devant vous aujourd’hui afin de parler, encore une fois, de la violation des droits des baha’is en Iran. Depuis ma dernière intervention sur le sujet au Sénat, le gouvernement iranien a pris une nouvelle mesure sans précédent dans le cadre de son oppression systématique de la minorité baha’ie. Cette fois-ci, les tribunaux iraniens ont condamné sept enseignants baha’is pour leurs activités au sein de l’institut baha’i pour l’éducation supérieure.
L’institut a été fondé par les baha’is en 1987 afin d’éduquer les jeunes baha’is, qui n’ont toujours pas accès aux universités iraniennes en vertu de la politique officielle de l’État . L’institut menait ses activités ouvertement et donnait bien souvent les cours dans des salons ou autour d’une table de cuisine. D’anciens professeurs, congédiés en raison de leur croyance religieuse, enseignaient à des jeunes des matières telles que l’ingénierie et la psychologie.
En mai dernier, les autorités iraniennes ont procédé à une série de descentes concertées dans 39 résidences et ont arrêté 19 baha’is. Le 18 octobre, nous avons appris que sept enseignants baha’is avaient été condamnés à des peines d’emprisonnement totalisant 30 ans.
Parmi les enseignants qui ont écopé d’une peine d’emprisonnement de quatre ans, mentionnons Nooshin Khadem, résidente permanente canadienne et titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’Université Carleton. Nooshin est venue au Canada parce que l’Université Carleton a reconnu son diplôme de l’institut baha’i comme équivalence d’un diplôme de premier cycle. Elle est ensuite retournée en Iran pour enseigner à d’autres.
Elle se trouve maintenant en prison. Son « crime »? Être rentrée en Iran avec le bagage de connaissances acquis pendant ses études. Deux autres baha’is attendent encore leurs audiences pour des crimes semblables.
Kamran Rahimian et Faran Hesami ont terminé leurs études supérieures en counseling à l’Université d’Ottawa. À leur retour en Iran, ils se sont mariés et ont eu un fils. Ils auraient été accusés d’avoir obtenu des diplômes « illégaux » au Canada.
Le bambin de deux ans vit maintenant avec des membres de la famille pendant que ses parents attendent leur procès en prison. Quelle cruauté de la part d’un gouvernement qui emprisonne ses citoyens parce qu’ils tentent d’éduquer leurs concitoyens et qui érige en crime le processus d’apprentissage.
Le mois dernier, à New York, Heiner Bielefeldt, rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction, a déclaré que la persécution des baha’is par l’Iran est parmi les « pires manifestations d’intolérance et de persécution religieuses » dans le monde aujourd’hui. Il a ajouté ce qui suit : « Le gouvernement iranien mène une politique de persécution systématique […] avec l’intention de détruire cette religion partout dans le monde. »
Plus tôt ce mois-ci, l’Assemblée générale des Nations Unies a condamné l’Iran pour ses violations graves et continues des droits de la personne. La résolution parrainée par le Canada, qui dressait la longue liste des abus perpétrés en Iran, a été adoptée par la plus forte majorité enregistrée jusqu’ici cette année.
Honorables sénateurs, nous formons une nation qui défend les droits de la personne et qui valorise le pluralisme religieux et nous devons continuer de faire face directement à la menace que représente l’Iran pour son propre peuple. L’Iran n’écoute peut- être pas aujourd’hui, mais le peuple iranien, lui, est à l’écoute. Les Iraniens doivent savoir que le Canada sera solidaire avec eux et qu’il continuera de défendre leurs libertés et leurs droits fondamentaux.
Honorables sénateurs, dans le discours du Trône, il est précisé que, dans le but de promouvoir les droits de la personne, le gouvernement créera le Bureau de la liberté de religion afin d’aider à protéger les minorités religieuses et de promouvoir le pluralisme. Lorsque le gouvernement aura mis sur pied ce bureau, j’aimerais qu’il accorde la priorité aux défis auxquels sont confrontés les baha’is en Iran.