2e Session, 41e Législature,
Volume 149, Numéro 133

Le mardi 21 avril 2015
L’honorable Leo Housakos, Président intérimaire

Les enlèvements de femmes et de jeunes filles

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, le 14 avril 2014, le monde entier apprenait avec tristesse et indignation l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles par Boko Haram au Nigeria. De celles-ci, moins d’une cinquantaine ont réussi à s’échapper. Je frémis rien que de penser au sort du reste d’entre elles. Cela fait maintenant un an, plus de 365 jours, que ces jeunes filles ont été enlevées.

Malheureusement, Boko Haram n’est pas le seul à commettre de telles atrocités. Dans notre propre pays, plus de 1 000 femmes autochtones ont été enlevées. À ce jour, comme l’a signalé la GRC en 2014, il y a plus de 1 000 femmes et jeunes filles autochtones portées disparues ou assassinées. Nous savons pertinemment que les femmes et les jeunes filles constituent la majorité des victimes de la traite des personnes. Les plus vulnérables sont celles qui proviennent de milieux socioéconomiques fragmentés. Au Canada et ailleurs dans le monde, elles représentent les membres les plus vulnérables de la société. Au lieu d’obtenir l’aide dont elles ont besoin, les femmes et les jeunes filles subissent un sort impitoyable; et nous connaissons la tendance. Si elles sont ciblées, c’est tout simplement parce qu’elles sont vulnérables et parce qu’elles appartiennent au sexe féminin. Pourtant, la société et le gouvernement ne font pas ce qui s’impose pour les protéger.

Honorables sénateurs, le premier anniversaire de l’enlèvement des écolières nigérianes vient de passer. Cet incident et des incidents similaires m’ont fait profondément réfléchir. Même si les enlèvements de femmes et de jeunes filles surviennent dans différents pays et sont perpétrés par différents acteurs, ces événements sont liés. Il ne s’agit pas d’actes aléatoires. Ils sont perpétrés au Canada et partout dans le monde. Nous permettons que les membres les plus vulnérables de la société soient ciblées, exploitées, maltraitées, utilisées, échangées et oubliées. Nous les laissons tomber. Je m’inquiète du message que cela envoie à nos enfants et petits-enfants. Le fait de naître vulnérable ne devrait pas déterminer notre sort. Chaque enfant devrait avoir des chances égales dans la vie et avoir le droit de dire ce qu’il pense, d’être éduqué et de vivre dignement.

Honorables sénateurs, il nous incombe, en tant que législateurs, de protéger ces droits. J’espère que nous saurons faire preuve d’imagination morale et trouver une solution durable à ces problèmes. Essayons, au Canada et partout dans le monde, de protéger les femmes et les jeunes filles. C’est notre responsabilité collective. Collectivement, n’oublions pas les 200 jeunes filles enlevées par Boko Haram. Ce sont également nos filles.