1re Session, 42e Législature,
Volume 150, Numéro 108

Le mardi 4 avril 2017
L’honorable George J. Furey, Président

La Journée des droits des réfugiés

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Honorables sénateurs, en cette Journée des droits des réfugiés, je remercie les Canadiens d’avoir accueilli des réfugiés ougandais au Canada, il y a 45 ans.

Mon père, Sherali Bandali Jaffer, député au Parlement ougandais, avait lutté pour l’indépendance de l’Ouganda. Ma famille et moi étions Ougandais, mais, du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés apatrides. Mon père a dû fuir l’Ouganda parce que sa vie était menacée. Il a échappé de justesse à la mort, car il a quitté la maison juste avant l’arrivée des militaires ougandais qui étaient venus pour l’arrêter. Mon mari, lui, a été détenu.

Honorables sénateurs, ma famille et moi avons tout perdu à l’époque : nos biens, nos maisons et, surtout, notre pays, l’Ouganda.

Sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies, la communauté internationale s’est employée à nous donner asile.

Je profite de l’occasion pour remercier le prince Sadrudin Aga Khan et Son Altesse l’Aga Khan des efforts qu’ils ont déployés pour faire en sorte que nous soyons accueillis comme réfugiés de l’Ouganda.

Honorables sénateurs, chaque jour, nous entendons parler de réfugiés qui sont forcés de quitter leur foyer à pied, en bateau ou par avion. Je vous demande de ne pas faire la sourde oreille à leurs appels à l’aide. Ces gens fuient parce que eux et leur famille seront agressés, violés ou tués s’ils restent dans leur pays d’origine.

En Turquie, j’ai rencontré un père de famille syrien dont l’histoire confirme cette douloureuse réalité. Il m’a dit ceci :

Je suis resté en Syrie aussi longtemps que je le pouvais. Je pensais que la situation allait s’améliorer, mais quand j’ai vu que les bombes commençaient à tomber près de chez moi, j’ai compris qu’il fallait fuir.

La journée où nous nous sommes enfuis, mes deux fils aînés ont été capturés. Je ne les ai jamais revus.

Deux jours après, nous avons été frappés par des bombes. Mon plus jeune enfant a été tué et ma fille aînée a perdu ses quatre membres.

J’avais six enfants et j’ai perdu la moitié de ma famille. Ma fille vit dans la douleur.

Je ne voulais pas quitter mon foyer, mais je l’ai fait pour sauver ma famille.

(1420)

Honorables sénateurs, des milliers de gens décident de quitter leur foyer pour sauver leur famille. En cette journée des réfugiés, je demande aux Canadiens de faire preuve de la même compassion qu’ils ont manifestée il y a 45 ans lorsqu’ils ont ouvert leurs portes à ma propre famille.