1re Session, 42e Législature,
Volume 150, Numéro 75

Le mercredi 23 novembre 2016
L’honorable George J. Furey, Président

La crise des opioïdes

L’honorable Mobina S. B. Jaffer : Madame la ministre, je tiens à vous remercier d’être une fois de plus ici pour répondre à nos questions.

J’ai deux questions, mais je ne peux les poser toutes les deux, donc j’en ai écrit une sur l’aide médicale à mourir. Vous le savez, c’est une question qui me passionne tout particulièrement, mais je vais vous la remettre par écrit parce que je m’en voudrais si je ne posais pas une question sur la crise des opioïdes.

Je viens de la Colombie-Britannique, et je parcours les rues de Vancouver où les premiers répondants composent avec les problèmes liés à la crise des opioïdes. Dans ma province, deux personnes meurent chaque jour. C’est absolument inacceptable. Sept personnes par jour meurent au Canada et deux d’entre elles se trouvent dans ma province.

J’ai deux questions. Primo, le projet de loi du sénateur White propose une solution simple pour régler la crise : ajouter à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances six médicaments qui entrent dans la fabrication du fentanyl et d’autres opiacés. Irez-vous de l’avant avec cette mesure?

Secundo, j’ai remarqué à quel point ce problème vous tient à cœur et je vous en remercie. Toutefois, les enfants meurent. Il s’agit d’enfants canadiens. Je ne voudrais pas dramatiser, mais ce sont deux enfants dans ma province chaque jour. Envisagez-vous de lancer une campagne de sensibilisation dans les écoles pour soulever ce problème?

L’honorable Jane Philpott, C.P., députée, ministre de la Santé : Merci de soulever ce problème. Il est tellement grave. J’ai parcouru les rues du quartier Downtown Eastside, à Vancouver, il y a quelques mois. Quand j’y suis retournée il y a environ une semaine, j’ai visité la caserne d’incendie no 1 à Vancouver qui se trouve vraiment à l’épicentre de la crise. J’ai rencontré des premiers répondants pour les remercier. Ils sauvent des vies quotidiennement. Malgré cela, comme vous le dites, des gens meurent tragiquement tous les jours.

Je dois vous dire que cette situation me touche profondément. Dans de nombreux cas, j’aimerais pouvoir claquer des doigts et corriger immédiatement le système afin d’empêcher ces décès. En écoutant les histoires des familles touchées, j’ai constaté qu’il s’agit souvent de jeunes, de gens de tous les horizons et de tous les niveaux socioéconomiques. La situation est vraiment bouleversante.

En ce qui concerne votre question sur les précurseurs du fentanyl, le dossier avance dans le processus réglementaire. Je suis certaine que vous connaissez tous ici le processus long et pénible menant à l’adoption de mesures réglementaires. Je peux toutefois vous affirmer qu’il y a eu des progrès, que les choses avancent.

Les sénateurs seront heureux d’entendre l’annonce qui, je crois, doit être faite cet après-midi. Elle portera sur le fentanyl illégal et sur le travail effectué par les responsables de l’application de la loi pour contrer son arrivée massive dans notre pays.

Je voudrais réitérer que nous introduisons un certain nombre de mesures. Nous avons pris en compte la demande portant sur les machines à fabriquer des comprimés ainsi que les inquiétudes visant l’inspection des petits paquets à la frontière. Comme je l’ai dit au ministre de la Santé de la Colombie-Britannique la semaine passée — et il est très affligé par la situation —, j’ai étudié chaque recommandation qui m’a été soumise et j’ai demandé à mon ministère de faire de même. Vraiment, je ne pourrais exercer davantage de pressions. Je suis toujours ouverte aux nouvelles idées. Cela faisait d’ailleurs partie de mon message à la conférence et au sommet, la semaine dernière. Si nous avons oublié quelque chose, n’hésitez pas à communiquer avec moi, avec mon ministère, avec mon équipe. Dites-le nous. Peu de dossiers sont aussi graves que celui-ci.

(1600)

La sénatrice Jaffer : Madame la ministre, j’ai aussi demandé si vous aviez envisagé une campagne vigoureuse.

Dre Philpott : Oui, et je m’excuse de ne pas avoir répondu à cette partie de votre question.

En juin, j’ai diffusé un plan d’action fédéral en cinq points sur les opioïdes décrivant ce que, selon moi, le gouvernement fédéral doit faire, à commencer par sensibiliser le public. Je cherche actuellement de nouvelles ressources à cette fin, et j’espère les obtenir. Je crois qu’elles contribueront grandement à faire passer le message. Il y aurait notamment des étiquettes d’avertissement plus visibles sur les contenants de médicaments sur ordonnance afin que les gens soient bien conscients que les médicaments qu’ils prennent peuvent créer une forte dépendance dans certaines circonstances.

Nous cherchons à appuyer ceux qui prescrivent les médicaments. Nous savons que cette situation préoccupe grandement les professionnels de la santé. Ils constituent hélas en quelque sorte un des déclencheurs de cette crise, et ils estiment qu’en tant que professionnels ils doivent disposer de meilleures lignes directrices. En fait, de nouvelles lignes directrices en matière d’ordonnances seront publiées en janvier prochain.

Troisièmement, nous nous sommes penchés sur le flot d’opioïdes inutiles.

Nous nous penchons sur un meilleur accès aux traitements, dans les établissements de réduction des méfaits par exemple.

Enfin, le cinquième élément de notre plan consiste à disposer de meilleurs faits et de meilleures recherches sur le sujet.

S’il y a quoi que ce soit qui aurait pu nous échapper ou s’il y a des choses dont on ne s’occupe pas déjà, je suis tout à fait ouverte à vos excellentes idées.