Au cours des dernières semaines, j’ai écrit (partie 1, partie 2) à propos de la terrible attaque commise contre l’unité de soins maternels de l’hôpital Dasht-e-Barchi, qui est situé à Kaboul, en Afghanistan. Même si trois semaines se sont écoulées depuis l’attaque, les cris et les pleurs déchirants des victimes, qui ont profondément ébranlé le monde entier, demeureront à jamais gravés dans notre mémoire.

L’histoire de l’Afghanistan a surtout été marquée par la violence et la guerre, mais la plus récente attaque a tout de même attisé la peur des Hazaras, qui est maintenant à son comble. Ce peuple a été attaqué pendant qu’il faisait ses prières à la mosquée, en route vers l’école ou lors d’entraînements au gymnase, mais jamais encore des nouveau‑nés venus au monde seulement une heure auparavant n’avaient été assassinés de manière aussi brutale et méthodique.

Le père de bébé Maryam, Akram, a dû identifier le corps de sa femme seulement avec l’un de ses pieds. Comme Akram l’a lui-même admis, dévasté, il ne restait tout simplement aucune autre partie de son corps permettant de l’identifier comme il se doit. Dans les minutes qui ont suivi l’attaque, Akram, comme les membres de nombreuses autres familles, s’est précipité aux portes de l’hôpital pour tenter de trouver sa femme et son nouveau‑né. Il a dû chercher pendant des heures, dans des circonstances insoutenables, avant de trouver sa fille à l’autre bout de la ville, à l’hôpital Ataturk, qui est financé par les Turcs.

À l’extérieur des portes principales de l’hôpital, Mahdia, 7 ans, et sa sœur Razia, 8 ans, attendaient leur mère qui se trouvait à l’intérieur avec leur grand‑mère Zahra; elles ont été les premières victimes abattues par les hommes armés. Ce matin‑là, leur père, Mohammad Assef, a perdu sa mère, ses deux filles et sa femme. Maintenant, il se retrouve seul pour s’occuper de sa fille qui venait tout juste de naître.

Au total, 20 personnes ont été assassinées, incluant deux nouveau‑nés. Parmi les nouveau‑nés survivants, 19 ont été envoyés à l’hôpital Ataturk, tandis qu’un nouveau‑né aux prises avec des problèmes orthopédiques graves a été envoyé à l’hôpital Indira-Ghandi, à Kaboul.

Heureusement, des bénévoles, comme Aziza Kermani, qui est la mère d’un bébé de quatre mois, ou Khadija, une autre mère ayant survécu à l’attaque avec son enfant de trois ans, se sont rapidement rendues sur les lieux pour allaiter les nouveau‑nés qui se sont retrouvés orphelins quelques heures après leur naissance.

Même si, trois semaines après l’attaque, tous les enfants ont été confiés à leurs tuteurs légaux ou à leurs proches parents et sont en sécurité, il reste encore beaucoup à faire.

La douleur et les cicatrices associées à cette tuerie barbare seront gravées pour toujours dans la mémoire des quelques bébés innocents qui ont miraculeusement survécu à ce cauchemar. Chaque mère qui a été assassinée a laissé dans le deuil des proches, qui sont inconsolables.

Nous sommes tous atterrés par cette tragédie, et nous continuons de songer aux mesures que nous pourrions prendre pour nous assurer qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais. Ensemble, nous devons défendre les personnes les plus vulnérables et faire en sorte qu’elles puissent faire entendre leur voix. Nous devons savoir qui sont les victimes d’actes de violence insensés et honorer leur mémoire; nous ne devons jamais les oublier.